samedi 30 novembre 2013

Nous ne devons jamais vivoter, mais vivre

Homélie du Pape François lors de la célébration des premières Vêpres de l'Avent avec les étudiants des Athénées romains.


[...] Le souhait que saint Paul adresse aux chrétiens de Thessalonique, afin que Dieu les sanctifie jusqu’à la perfection, démontre d’une part sa préoccupation pour leur sainteté de vie mise en danger et, d’autre part, une grande confiance dans l’intervention du Seigneur. Cette préoccupation de l’apôtre est aussi valable pour nous, chrétiens d’aujourd’hui. En effet, la plénitude de la vie chrétienne que Dieu accomplit chez les hommes est toujours menacée par la tentation de céder à l’esprit du monde. C’est pourquoi Dieu nous donne son soutien, grâce auquel nous pouvons persévérer et préserver les dons que l’Esprit Saint nous a donnés, la vie nouvelle dans l’Esprit qu’Il nous donne. En protégeant cette « sève » salutaire de notre vie, tout notre être, esprit, âme et corps, se conserve irréprochable et intègre. Mais pourquoi Dieu, après nous avoir prodigué ses trésors spirituels, doit-il intervenir encore pour les garder intègres ? C’est une question que nous devons nous poser. Parce que nous sommes faibles — nous le savons tous —, notre nature humaine est fragile et les dons de Dieu sont conservés en nous comme dans des « vases d’argile » (cf. 2 Co 4, 7).

L’intervention de Dieu en faveur de notre persévérance jusqu’au bout, jusqu’à la rencontre définitive avec Jésus, est l’expression de sa fidélité. C’est comme un dialogue entre notre faiblesse et sa fidélité. Il est fort dans sa fidélité. Et Paul dira, dans un autre passage, qu’il est — lui-même, Paul — fort dans sa faiblesse. Pourquoi ? Car il est en dialogue avec cette fidélité de Dieu. Et cette fidélité de Dieu ne déçoit jamais. Il est fidèle avant tout à lui-même. Par conséquent, il mènera à son terme l’œuvre qu’il a commencée en chacun de nous, par son appel. Cela nous donne la sécurité et une grande confiance : une confiance qui repose sur Dieu et qui demande notre collaboration active et courageuse, face aux défis du moment présent. Vous savez, chers jeunes étudiants, qu’on ne peut pas vivre sans regarder les défis, sans répondre aux défis. Celui qui ne regarde pas les défis, qui ne répond pas aux défis, ne vit pas. Votre volonté et vos capacités, unies à la puissance de l’Esprit Saint qui habite en chacun de vous depuis le jour de votre Baptême, vous permettent d’être non pas spectateurs, mais des artisans des événements contemporains. S’il vous plaît, ne regardez pas la vie du haut du balcon! Participez là où se trouvent les défis, qui vous demandent de l’aide pour faire avancer la vie, le développement, le combat pour la dignité des personnes, le combat contre la pauvreté, le combat pour les valeurs, et tant de combats que nous rencontrons chaque jour.

Les défis que vous, jeunes universitaires, êtes appelés à affronter avec force intérieure et audace évangélique, sont divers. Force et audace. Le contexte socio-culturel dans lequel vous êtes insérés est parfois alourdi par la médiocrité et par l’ennui. Il ne faut pas se résigner à la monotonie de la vie quotidienne, mais cultiver des projets d’une vaste portée, aller au-delà de l’ordinaire : ne vous laissez pas voler l’enthousiasme de la jeunesse! Ce serait une erreur aussi de se laisser emprisonner par la pensée faible et par la pensée uniforme, celle qui est homologuée, ou bien par une mondialisation entendue comme homologation. Pour dépasser ces risques, le modèle à suivre n’est pas la sphère. Le modèle à suivre dans la véritable mondialisation — qui est bonne —, n’est pas la sphère, où tout relief est nivelé et où disparaît toute différence ; le modèle est au contraire le polyèdre, qui inclut une multiplicité d’éléments et respecte l’unité dans la variété. En défendant l’unité, défendons aussi la diversité. Sinon, cette unité ne serait pas humaine.

En effet, la pensée est féconde quand elle est l’expression d’un esprit ouvert, qui discerne, toujours éclairé par la vérité, par le bien et par la beauté. Si vous ne vous laissez pas conditionner par l’opinion dominante, mais restez fidèles aux principes éthiques et religieux chrétiens, vous trouverez le courage d’aller à contre-courant. Dans un univers mondialisé, vous pourrez contribuer à sauvegarder les particularités et les caractéristiques, mais en cherchant à ne pas abaisser le niveau éthique. En effet, la pluralité de pensée et d’individualité reflète la sagesse multiforme de Dieu quand elle s’approche de la vérité avec honnêteté et rigueur intellectuelle, quand elle s’approche de la bonté, quand elle s’approche de la beauté, afin que chacun puisse être un don au profit de tous.

Que l’engagement de cheminer dans la foi et de vous comporter de façon cohérente avec l’Évangile vous accompagne en ce temps de l’Avent, pour vivre de façon authentique la commémoration du Noël du Seigneur. Le beau témoignage du bienheureux Pier Giorgio Frassati — étudiant comme vous — peut vous aider, lui qui disait : « Vivre sans foi, sans patrimoine à défendre, sans soutenir la vérité dans une lutte continue, n’est pas vivre mais vivoter. Nous ne devons jamais vivoter, mais vivre » (Lettre à I. Bonini, 27.02.1925).

Merci et bon chemin vers Bethléem !

jeudi 28 novembre 2013

Dialoguer ne signifie pas renoncer à sa propre identité

Discours du Pape François aux participants de l'Assemblée plénière du Conseil Pontifical pour le dialogue interreligieux.

Messieurs les cardinaux, chers frères dans l’épiscopat, chers frères et sœurs,

[...] L’Église catholique est consciente de la valeur que revêt la promotion de l’amitié et du respect entre les hommes et les femmes de diverses traditions religieuses. Nous en comprenons toujours davantage l’importance, aussi bien parce que le monde est, d’une certaine manière, devenu « plus petit », que parce que le phénomène des migrations accroît les contacts entre les personnes et les communautés de tradition, de culture et de religion différentes. Cette réalité interpelle notre conscience de chrétiens, elle est un défi pour la compréhension de la foi et pour la vie concrète des Églises locales, des paroisses, de très nombreux croyants.

Le thème choisi pour votre rassemblement apparaît donc d’une actualité particulière : « Membres de différentes traditions religieuses dans la société ». Comme je l’ai affirmé dans l’exhortation apostolique Evangelii gaudium« une attitude d’ouverture en vérité et dans l’amour doit caractériser le dialogue avec les croyants des religions non chrétiennes, malgré les divers obstacles et les difficultés, en particulier les fondamentalismes des deux parties » (n. 250). En effet, les contextes dans lesquels la coexistence est difficile ne manquent pas dans le monde : des motifs politiques ou économiques s’ajoutent souvent aux différences culturelles et religieuses, se servant également des incompréhensions et des erreurs du passé : tout cela risque d’engendrer la méfiance et la peur. Il n’existe qu’une seule voie pour vaincre cette peur, et il s’agit de celle du dialogue, de la rencontre marquée par l’amitié et le respect. Quand on emprunte cette voie, c’est une voie humaine.

Dialoguer ne signifie pas renoncer à sa propre identité quand on va à la rencontre de l’autre, ni céder à des compromis sur la foi et sur la morale chrétienne. Au contraire, « la véritable ouverture implique de se maintenir ferme sur ses propres convictions les plus profondes, avec une identité claire et joyeuse » (ibid., n. 251) et pour cette raison ouverte à la compréhension des raisons de l’autre, capable de relations humaines respectueuses, convaincue que la rencontre avec celui qui est différent de nous peut être une occasion de croissance dans la fraternité, d’enrichissement et de témoignage. C’est pour cette raison que le dialogue interreligieux et l’évangélisation ne s’excluent pas, mais se nourrissent réciproquement. Nous n’imposons rien, nous n’utilisons aucune stratégie insidieuse pour attirer les fidèles, mais nous témoignons avec joie, avec simplicité, de ce en quoi nous croyons et ce que nous sommes. En effet, une rencontre au cours de laquelle chacun mettrait de côté ce en quoi il croit, ferait semblant de renoncer à ce qui lui est le plus cher, ne serait assurément pas une relation authentique. Dans ce cas, on pourrait parler d’une fausse fraternité. En tant que disciples de Jésus, nous devons nous efforcer de vaincre la peur, toujours prêts à faire le premier pas, sans nous laisser décourager face aux difficultés et aux incompréhensions.

Le dialogue constructif entre les personnes de diverses traditions religieuses sert également à surmonter une autre peur, que nous voyons malheureusement se développer dans les sociétés les plus fortement sécularisées : la peur à l’égard des diverses traditions religieuses et envers la dimension religieuse en tant que telle. La religion est vue comme quelque chose d’inutile, voire de dangereux ; on prétend parfois que les chrétiens renoncent à leurs propres convictions religieuses et morales dans l’exercice de leur profession (cf. Benoît XVIDiscours au Corps diplomatique,10 janvier 2011). Il existe une pensée diffuse selon laquelle la coexistence ne serait possible qu’en cachant sa propre appartenance religieuse, en nous rencontrant dans une sorte d’espace neutre, privé de références à la transcendance. Mais ici aussi : comment serait-il possible de créer de véritables relations, de construite une société qui soit une authentique maison commune, en imposant de mettre de côté ce que chacun considère être une partie profonde de sa propre personne ? Il n’est pas possible de penser à une fraternité « en éprouvette ». Assurément, il est nécessaire que tout se déroule dans le respect des convictions d’autrui, même de ceux qui ne croient pas, mais nous devons avoir le courage et la patience d’aller à la rencontre l’un de l’autre en acceptant ce que nous sommes. L’avenir se trouve dans la coexistence respectueuse des diversités, non dans l’homologation à une pensée unique théoriquement neutre. Nous avons vu, au cours de l’histoire, la tragédie des pensées uniques. Il devient donc incontournable de reconnaître le droit fondamental à la liberté religieuse, dans toutes ses dimensions. À cet égard, le Magistère de l’Église s’est déjà exprimé au cours des dernières décennies avec un profond engagement. Nous sommes convaincus que l’édification de la paix dans le monde passe par cette voie.

Je remercie le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux du service précieux qu’il accomplit, et j’invoque sur chacun de vous l’abondance de la bénédiction du Seigneur. Merci.

mercredi 27 novembre 2013

Notre vie ne finit pas avec la mort

Audience Générale du Pape François.

Chers frères et sœurs,

Bonjour et tous mes compliments car vous êtes courageux avec ce froid sur la place. Tous mes compliments.

Je désire mener à terme les catéchèses sur le « Credo », qui se sont déroulées au cours de l’Année de la foi, qui s’est conclue dimanche dernier. Dans cette catéchèse et dans la prochaine je voudrais considérer le thème de la résurrection de la chair, en saisissant deux de ses aspects tels que les présente le Catéchisme de l’Eglise catholique, c’est-à-dire notre mort et notre résurrection en Jésus Christ. Aujourd’hui, je m’arrête sur le premier aspect, « mourir en Christ ».

Il existe communément parmi nous une manière erronée de considérer la mort. La mort nous concerne tous, et elle nous interpelle de manière profonde, en particulier quand elle nous touche de près, où quand elle frappe les petits, ceux qui sont sans défense d’une manière qui nous semble « scandaleuse ». J’ai personnellement toujours été frappé par cette question : pourquoi les enfants souffrent-ils ? Pourquoi les enfants meurent-ils ? Si elle est comprise comme la fin de tout, la mort effraie, anéantit, se transforme en une menace qui détruit chaque rêve, chaque perspective, qui brise chaque relation et interrompt chaque chemin. Cela se produit quand nous considérons notre vie comme un temps compris entre deux pôles : la naissance et la mort ; quand nous ne croyons pas à un horizon qui va au-delà de la vie présente ; quand on vit comme si Dieu n’existait pas. Cette conception de la mort est typique de la pensée athée, qui interprète l’existence comme le fait de se trouver par hasard dans le monde et de s’acheminer vers le néant. Mais il existe aussi un athéisme pratique, qui est une manière de vivre uniquement pour ses propres intérêts et de vivre seulement pour les choses terrestres. Si nous nous laissons prendre par cette vision erronée de la mort, nous n’avons pas d’autre choix que celui d’occulter la mort, de la nier, ou de la banaliser, pour qu’elle ne nous fasse pas peur.

Mais le « cœur » de l’homme, le désir d’infini que nous avons tous, la nostalgie de l’éternel que nous avons tous se rebellent devant cette fausse solution. Et alors, quel est le sens chrétien de la mort ? Si nous regardons les moments les plus douloureux de notre vie, quand nous avons perdu une personne chère — nos parents, un frère, une sœur, un conjoint, un enfant, un ami —, nous nous apercevons que, même dans le drame de la perte, même déchirés par le détachement, de notre cœur s’élève la conviction que tout ne peut pas être fini, que le bien donné et reçu n’a pas été inutile. Un instinct puissant existe en nous, qui nous dit que notre vie ne finit pas avec la mort.

Cette soif de vie a trouvé sa réponse réelle et fiable dans la résurrection de Jésus Christ. La résurrection de Jésus ne donne pas seulement la certitude de la vie au-delà de la mort, mais elle illumine également le mystère même de la mort de chacun de nous. En effet, l’Église prie : « Si nous sommes attristés par la certitude de devoir mourir, nous sommes réconfortés par la promesse de l’immortalité future ». Voilà une belle prière de l’Église ! Une personne tend à mourir comme elle a vécu. Si ma vie a été un chemin avec le Seigneur, un chemin de confiance dans son immense miséricorde, je serai préparé à accepter le moment ultime de mon existence terrestre comme l’abandon définitif plein de confiance entre ses mains accueillantes, dans l’attente de contempler face à face son visage. C’est la plus belle chose qui puisse nous arriver : contempler face à face ce visage merveilleux du Seigneur, le voir comme Il est, beau, plein de lumière, plein d’amour, plein de tendresse. Nous allons jusqu’à ce point : voir le Seigneur.

Dans cet horizon, on comprend l’invitation de Jésus à être toujours prêts, vigilants, en sachant que la vie dans ce monde nous est donnée également pour préparer l’autre vie, celle avec le Père céleste. Et il existe pour cela une voie sûre : bien se préparer à la mort, en étant proches de Jésus. Telle est la sécurité : je me prépare à la mort en étant près de Jésus. Et comment fait-on pour être près de Jésus ? Avec la prière, dans les sacrements et aussi dans la pratique de la charité. Rappelons-nous qu’il est présent chez les plus faibles et nécessiteux. Il s’est lui-même identifié à eux, dans la célèbre parabole du jugement dernier, quand il dit : « Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir. [...] Dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 35-36.40). C’est pourquoi une voie sûre est de retrouver le sens de la charité chrétienne et du partage fraternel, de prendre soin des plaies corporelles et spirituelles de notre prochain. La solidarité en compatissant à la douleur et en donnant l’espérance constitue les prémisses et la condition pour recevoir en héritage ce Royaume préparé pour nous. Qui pratique la miséricorde ne craint pas la mort. Pensez bien à cela : qui pratique la miséricorde ne craint pas la mort ! Vous êtes d’accord ? Nous le disons ensemble pour ne pas l’oublier ? Qui pratique la miséricorde ne craint pas la mort. Et pourquoi ne craint-il pas la mort ? Parce qu’il la regarde en face dans les blessures de ses frères, et il la dépasse avec l’amour de Jésus Christ.

Si nous ouvrons la porte de notre vie et de notre cœur à nos frères les plus petits, alors notre mort aussi deviendra une porte qui nous introduira au ciel, dans la patrie bienheureuse, vers laquelle nous nous dirigeons, en souhaitant ardemment demeurer pour toujours avec notre Père, Dieu, avec Jésus, avec la Vierge et avec les saints.

dimanche 24 novembre 2013

Messe pour la clôture de l'Année de la Foi

Le Christ est le centre de la Création, du peuple et de l'histoire

Homélie du Pape François prononcée lors de la messe conclusive de l'Année de la Foi, en la solennité du Christ Roi.


Aujourd’hui, la solennité du Christ Roi de l’univers, couronnement de l’année liturgique, marque également la conclusion de l’Année de la Foi, promulguée par le Pape Benoît XVI, pour qui nous avons maintenant une pensée pleine d’affection et de reconnaissance pour ce don qu’il nous a fait. Avec cette initiative providentielle, il nous a donné la possibilité de redécouvrir la beauté de ce chemin de foi qui a débuté le jour de notre Baptême, qui nous a faits fils de Dieu et frères dans l’Église. Un chemin qui a pour objectif final la pleine rencontre avec Dieu, et au cours duquel l’Esprit Saint nous purifie, nous élève, nous sanctifie, pour nous faire entrer dans le bonheur auquel aspire notre cœur.

Je désire également adresser une salutation cordiale et fraternelle aux Patriarches et aux Archevêques Majeurs des Églises orientales catholiques, ici présents. L’échange de la paix, que j’accomplirai avec eux, veut exprimer avant tout la reconnaissance de l’Évêque de Rome à l’égard de ces communautés, qui ont confessé le nom du Christ avec une fidélité exemplaire, souvent payée fort cher. En même temps, par leur intermédiaire, je veux rejoindre avec ce geste tous les chrétiens qui vivent en Terre Sainte, en Syrie et dans tout l’Orient, afin d’obtenir pour tous le don de la paix et de la concorde.

Les lectures bibliques qui ont été proclamées ont comme fil conducteur la centralité du Christ. Le Christ est au centre, le Christ est le centre. Le Christ centre de la création, le Christ centre du peuple, le Christ centre de l’histoire.

1. L’Apôtre Paul nous offre une vision très profonde de la centralité de Jésus. Il nous le présente comme le Premier-né de toute la création : en lui, par lui et pour lui toutes choses furent créées. Il est le centre de toutes choses, il est le principe : Jésus Christ, le Seigneur. Dieu lui a donné la plénitude, la totalité, pour qu’en lui toutes choses soient réconciliées (cf. Col. 1, 12-20). Seigneur de la création, Seigneur de la réconciliation.

Cette image nous fait comprendre que Jésus est le centre de la création ; et, par conséquent, l’attitude demandée au croyant, s’il veut être tel, est de reconnaître et d’accueillir dans sa vie cette centralité de Jésus-Christ, dans ses pensées, dans ses paroles et dans ses œuvres. Et ainsi nos pensées seront des pensées chrétiennes, des pensées du Christ. Nos œuvres seront des œuvres chrétiennes, des œuvres du Christ, nos paroles seront des paroles chrétiennes, des paroles du Christ. Par contre, quand on perd ce centre, parce qu’on le substitue avec quelque chose d’autre, il n’en vient que des dommages, pour l’environnement autour de nous et pour l’homme lui-même.

2. En plus d’être le centre de la création et centre de la réconciliation, le Christ est le centre du peuple de Dieu. Et précisément aujourd’hui il est ici, au milieu de nous. Maintenant il est ici dans la Parole, et il sera ici sur l’autel, vivant, présent, au milieu de nous, son peuple. C’est ce qui nous est exposé dans la première Lecture, qui raconte le jour où les tribus d’Israël vinrent chercher David et, devant le Seigneur, lui donnèrent l’onction de roi sur Israël (cf. 2 S 5, 1-3). À travers la recherche de la figure idéale du roi, ces hommes cherchaient en réalité Dieu lui-même : un Dieu qui se fasse proche, qui accepte de devenir compagnon de route de l’homme, qui se fasse leur frère.

Le Christ, descendant du roi David, est justement le “frère” autour duquel se constitue le peuple, qui prend soin de son peuple, de nous tous, au prix de sa vie. En lui nous sommes un ; un seul peuple uni à lui, nous partageons un seul chemin, un seul destin. C’est seulement en lui, en lui comme centre, que nous avons notre identité comme peuple.

3. Enfin, le Christ est le centre de l’histoire de l’humanité, et aussi le centre de l’histoire de tout homme. C’est à lui que nous pouvons rapporter les joies et les espérances, les tristesses et les angoisses dont notre vie est tissée. Lorsque Jésus est au centre, même les moments les plus sombres de notre existence s’éclairent, et il nous donne l’espérance, comme cela arrive au bon larron dans l’Évangile d’aujourd’hui.

Tandis que tous les autres s’adressent à Jésus avec mépris – “Si tu es le Christ, le Roi Messie, sauve-toi toi-même en descendant de la croix !” – cet homme, qui a commis des erreurs dans sa vie, à la fin, repenti, s’agrippe à Jésus crucifié en implorant : « Souviens-toi de moi quand tu entreras dans ton Royaume » (Lc 23, 42). Et Jésus lui promet : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis » (v. 43) : son Royaume. Jésus prononce seulement la parole du pardon, non celle de la condamnation ; et quand l’homme trouve le courage de demander ce pardon, le Seigneur ne laisse jamais tomber une telle demande. Aujourd’hui, nous pouvons tous penser à notre histoire, à notre cheminement. Chacun de nous a son histoire ; chacun de nous a aussi ses erreurs, ses péchés, ses moments heureux et ses moments sombres. Cela fera du bien, au cours de cette journée, de penser à notre histoire, et regarder Jésus, et de tout cœur lui répéter de nombreuses fois, mais avec le cœur, en silence, chacun de nous : “Souviens-toi de moi, Seigneur, maintenant que tu es dans ton Royaume ! Jésus, souviens-toi de moi, parce que je veux devenir bon, je veux devenir bon, mais je n’ai pas la force, je ne peux pas : je suis pécheur, je suis pécheresse. Mais souviens-toi de moi, Jésus. Tu peux te souvenir de moi, parce que tu es au centre, tu es justement dans ton Royaume !”. Que c’est beau ! Faisons-le tous aujourd’hui, chacun dans son cœur, de nombreuses fois. “Souviens-toi de moi, Seigneur, toi qui es au centre, toi qui es dans ton Royaume!”.

La promesse de Jésus au bon larron nous donne une grande espérance : elle nous dit que la grâce de Dieu est toujours plus abondante que la prière qui l’a demandée. Le Seigneur donne toujours plus, il est tellement généreux, il donne toujours plus que ce qui lui est demandé : tu lui demandes qu’il se rappelle de toi, et il t’emmène dans son Royaume ! Jésus est bien le centre de nos désirs de joie et de salut. Allons tous ensemble sur cette route !

samedi 23 novembre 2013

Dieu a soif de nous rencontrer

Homélie du pape François, prononcée lors du rite de l’entrée en catéchuménat, dans le cadre de l’Année de la foi, en présence de quelque 500 catéchumènes accompagnés de leurs catéchistes, et venus de 47 pays, des 5 continents.


Chers catéchumènes,

Ce moment de conclusion de l’Année de la foi vous voit ici rassemblés, avec vos catéchistes et vos familles, représentant aussi tant d’autres hommes et de femmes, qui accomplissent, dans différentes régions du monde, le même parcours de foi que vous. Spirituellement, nous sommes tous reliés, en ce moment. Vous venez de nombreux pays différents, de traditions culturelles et d’expériences différentes. Et pourtant, ce soir, nous sentons que nous avons tant de choses en commun. Nous en avons surtout une : le désir de Dieu. Ce désir est évoqué par la parole du psalmiste : « Comme un cerf altéré cherche l’eau vive, ainsi mon âme te cherche ô mon Dieu. Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant : quand viendrai-je et verrai-je le visage de Dieu. » (Ps 42,2-3).

Comme il est important de conserver vivant ce désir, cette aspiration à la rencontre du Seigneur et de faire l’expérience de Lui, de faire l’expérience de son amour, de faire l’expérience de sa miséricorde ! Si la soif du Dieu vivant vient à manquer, la foi risque de devenir une habitude, risque de s’éteindre, comme un feu qui ne vient pas ravivé. Elle risque de devenir « rance », sans aucun sens.

Le récit de l’Evangile (Jn 1, 35-42) nous a montré Jean-Baptiste qui désigne Jésus à ses disciples comme l’Agneau de Dieu. Deux d’entre eux suivent le Maître, et ensuite, à leur tour, deviennent des « médiateurs » qui permettent d’autres de rencontrer le Seigneur, de le connaître et de le suivre. Il y a trois moments dans ce récit qui rappelle l’expérience du catéchumène.

En premier lieu, il y a l’écoute. Les deux disciples ont écouté le témoignage du Baptiste. Vous aussi, chers catéchumènes, vous avez écouté ceux qui vous ont parlé de Jésus, et vous ont proposé de le suivre, en devenant ses disciples, par le baptême. Dans le tumulte de tant de voix qui résonnent autour de nous, vous avez écouté et accueilli la voix qui vous indiquait Jésus comme le seul qui puisse donner un sens plénier à votre vie.

Le second moment est la rencontre. Les deux disciples rencontrent le Maître et restent avec lui. Après l’avoir rencontré, ils ressentent immédiatement quelque chose de nouveau dans leur cœur : l’exigence de transmettre leur joie aux autres aussi, afin qu’ils puissent eux aussi le rencontrer. De fait, André rencontre son frère Simon et il le conduit à Jésus. Comme cela nous fait du bien de contempler cette scène ! Cela nous rappelle que Dieu ne nous a pas créés pour être seuls, enfermés en nous-mêmes, mais pour pouvoir le rencontrer, Lui, et nous ouvrir à la rencontre des autres. Dieu, le premier, vient vers chacun de nous ; et c’est merveilleux ! Lui vient à notre rencontre !

Dans la Bible, Dieu apparaît toujours comme celui qui prend l’initiative de la rencontre avec l’homme : c’est lui qui cherche l’homme, et d’habitude, il le cherche justement alors que l’homme fait l’expérience amère et tragique de trahir Dieu et de le fuir. Dieu n’attend pas pour le chercher : il le cherche immédiatement. C’est un chercheur patient, notre Père ! Il nous précède et nous attend toujours. Il ne se lasse pas de nous attendre. Il ne s’éloigne pas de nous, mais il a la patience d’attendre le moment favorable de la rencontre avec chacun de nous. Et quand la rencontre advient, ce n’est jamais une rencontre hâtive, parce que Dieu désire rester longuement avec nous, pour nous soutenir, pour nous consoler, pour nous donner sa joie. Dieu a hâte de nous rencontrer, mais il n’a jamais hâte de nous quitter. Il reste avec nous. De même que nous nous avons soif de lui, et que nous le désirons, de même lui aussi a le désir d’être avec nous, parce que nous lui appartenons, nous sommes à lui, nous sommes ses créatures. On peut dire que Lui aussi a soif de nous, de nous rencontrer. Notre Dieu est assoiffé de nous. Voilà le cœur de Dieu. C’est beau de ressentir cela.

La dernière partie du récit, c’est la marche. Les deux disciples marchent vers Jésus et puis ils font un bout de chemin avec lui. C’est un enseignement important pour nous tous. La foi est une marche avec Jésus… Rappelez-vous toujours cela : la foi, c’est marcher avec Jésus et c’est une marche qui dure toute la vie. A la fin, il y aura la rencontre définitive.

Certes, à certains moments de cette marche nous nous sentons fatigués et confus. Mais la foi nous donne la certitude de la présence constante de Jésus dans toute situation, même la plus douloureuse ou difficile à comprendre. Nous sommes appelés à marcher pour entrer toujours davantage à l’intérieur du mystère de l’amour de Dieu qui nous veille sur nous et nous permet de vivre dans la sérénité et l’espérance.

Chers catéchumènes, vous commencez aujourd’hui votre chemin de catéchuménat. Je vous souhaite de le parcourir dans la joie, sûrs du soutien de toute l’Eglise, qui vous regarde avec tant de confiance. Marie, la parfaite disciple, vous accompagne : c’est beau de sentir qu’elle est notre Mère dans la foi ! Je vous invite à conserver l’enthousiasme du premier instant, qui vous a fait ouvrir les yeux sur la lumière de la foi ; à vous souvenir, comme le disciple bien-aimé, du jour, de l’heure où, pour la première fois, vous êtes restés avec Jésus, où vous avez senti son regard sur vous. N’oubliez jamais ce regard ! C’est un regard d’amour. Et ainsi, vous serez toujours sûrs de la fidélité de l’amour du Seigneur. Lui, il est fidèle. Et soyez-en sûrs : Lui ne vous trahira jamais !

Le sport, un instrument précieux pour la croissance intégrale de la personne humaine

Discours du Pape François aux délégués des Comités Olympiques européens.

Chers membres des comités olympiques européens, bonjour !

Je suis heureux de vous accueillir à l’occasion de votre assemblée. Je salue en particulier votre président et le président du comité international, et je les remercie pour leurs paroles. À travers vous, je voudrais exprimer mes remerciements à tous ceux qui, au niveau européen, sont engagés à favoriser, à travers le sport, le développement des personnes et la fraternité sociale.

Le lien entre l’Église et le sport est une belle réalité qui s’est consolidée dans le temps, parce que la communauté ecclésiale voit dans le sport un instrument précieux pour la croissance intégrale de la personne humaine. En effet, la pratique sportive stimule de façon saine à se dépasser et à dépasser ses propres égoïsmes, entraîne à l’esprit de sacrifice et, si elle est correctement conçue, favorise la loyauté dans les relations interpersonnelles, l’amitié, le respect des règles. Il est important que ceux qui s’occupent de sport, à divers niveaux, promeuvent les valeurs humaines et religieuses qui sont à la base d’une société plus juste et solidaire. Cela est possible parce que le langage sportif est un langage universel, qui dépasse les frontières, les langues, les races, les religions et les idéologies ; il possède la capacité d’unir les personnes, en favorisant le dialogue et l’accueil. C’est une ressource très précieuse !

Je désire encourager les institutions et les organisations comme la vôtre, qui proposent, en particulier aux jeunes, des itinéraires sportifs de formation à la paix, au partage et à la coexistence entre les peuples. Il est propre à l’activité sportive d’unir et non de diviser ! Bâtir des ponts et non des murs. Même les cinq anneaux entrelacés, symbole et drapeau des Jeux olympiques, représentent précisément l’esprit de fraternité qui doit caractériser la manifestation olympique et la compétition sportive en général.

Lorsque le sport est considéré uniquement selon des paramètres économiques ou de poursuite de la victoire à tout prix, on court le risque de réduire les athlètes à une simple marchandise dont on peut tirer profit. Les athlètes eux-mêmes entrent dans un mécanisme qui les emporte, ils perdent le sens véritable de leur activité, la joie de jouer qui les a attirés lorsqu’ils étaient jeunes et qui les a poussés à de nombreux et véritables sacrifices et à devenir des champions. Le sport est harmonie, mais si prévaut la recherche effrénée de l’argent et du succès, cette harmonie se brise.

En tant que dirigeants olympiques, vous êtes appelés à favoriser la fonction éducative du sport. Nous sommes tous conscients de la grande nécessité de former des sportifs animés par la rectitude, la rigueur morale et un sens profond de responsabilité.

Je vous transmets à tous mes vœux sincères pour votre travail et j’invoque la bénédiction du Seigneur sur vous, sur vos familles et sur tous ceux qui prendront part aux prochains Jeux olympiques et à vos autres initiatives. Merci.

Je voudrais à présent vous donner à tous, à tous ceux que vous représentez, à tout le monde du sport, à ceux qui se préparent pour les prochains Jeux olympiques, la bénédiction du Seigneur. Pour nous tous une bénédiction pleine de grâce et pleine d’amour. Que chacun de nous prie le Seigneur en demandant cette bénédiction. Que le Seigneur vous bénisse et vous protège. Amen !

vendredi 22 novembre 2013

Courir ensemble vers le but

Paroles du Pape François aux équipes nationales de rugby d'Argentine et d'Italie.

Chers amis bonjour,

Je vois avec plaisir qu’entre l’Italie et l’Argentine il y de nombreuses rencontres sportives ! Cela est un très bon signe, le signe aussi d’une grande tradition qui se poursuit entre ces deux nations [...].

Le rugby est un sport très sympathique, et je vous le dis parce que je le vois ainsi : parce que c’est un sport dur, il y a beaucoup d’affrontement physique, mais il n’y pas de violence, il y a une grande loyauté, un grand respect. Jouer au rugby est difficile, no es un paseo, ce n’est pas une promenade de santé ! Et je pense que cela est utile aussi pour tremper le caractère, la force de volonté.

Un autre aspect qui saute aux yeux est l’équilibre entre le groupe et l’individu. Il y a les célèbres « mêlées », qui sont parfois impressionnantes ! Les deux équipes s’affrontent, deux groupes compacts, qui poussent ensemble l’un contre l’autre et s’équilibrent. Et puis il y a les actions individuelles, les courses agiles vers le « but ». Voilà, au rugby on court vers le « but » ! Un mot si beau, si important, qui nous fait penser à la vie, parce que toute notre vie tend vers un but ; et cette recherche, cette recherche du but, est difficile, elle exige la lutte, l’engagement, mais l’important est de ne pas courir seuls ! Pour arriver, il faut courir ensemble, et le ballon passe de main en main, et on avance ensemble, jusqu’à arriver au but. Et alors, c’est la fête !

Peut-être mon interprétation n’est-elle pas très technique, mais c’est la façon dont un évêque voit le rugby ! Et en tant qu’évêque, je vous souhaite de mettre en pratique tout cela également en dehors du terrain, de le mettre en pratique dans votre vie.

Je prie pour vous, je vous souhaite le meilleur. Mais vous aussi priez pour moi, pour que moi aussi, avec mes collaborateurs, nous formions une bonne équipe et nous arrivions au but !

Merci, et que demain soit un beau match !

jeudi 21 novembre 2013

Marie est la mère de l'espérance

Discours du Pape François aux soeurs bénédictines camaldules.


Nous contemplons celle qui a connu et aimé Jésus comme aucune autre créature. L’Évangile que nous avons écouté montre l’attitude fondamentale avec laquelle Marie a exprimé son amour pour Jésus : faire la volonté de Dieu. « Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là m’est un frère et une sœur et une mère » (Mt 12, 50). Avec ces mots, Jésus laisse un message important : la volonté de Dieu est la loi suprême qui établit la véritable appartenance à Lui. Si bien que Marie instaure un lien de parenté avec Jésus avant même de lui donner le jour : elle devient disciple et mère de son Fils au moment où elle accueille les paroles de l’Ange et dit : « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole ! » (Lc 1, 38). Cet « advienne » n’est pas seulement une acceptation, mais aussi une ouverture confiante à l’avenir. Cet « advienne » est espérance !

Marie est la mère de l’espérance, l’icône la plus expressive de l’espérance chrétienne. Toute sa vie est un ensemble d’attitudes d’espérance, à commencer par le « oui » au moment de l’annonciation. Marie ne savait pas comment elle pouvait devenir mère, mais elle s’en est remise totalement au mystère qui allait s’accomplir, et elle est devenue la femme de l’attente et de l’espérance. Puis nous la voyons à Bethléem, où celui qui lui a été annoncé comme le Sauveur d’Israël et comme le Messie naît dans la pauvreté. Par la suite, tandis qu’elle se trouve à Jérusalem pour le présenter au temple, avec la joie des anciens Syméon et Anne arrive aussi la promesse d’une épée qui allait lui transpercer le cœur et la prophétie d’un signe de contradiction. Elle se rend compte que la mission et l’identité même de ce Fils dépassent le fait qu’elle soit mère. Nous en venons ensuite à l’épisode de Jésus qui se perd à Jérusalem et qui est rappelé à l’ordre : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? » (Lc 2, 48), et la réponse de Jésus qui se soustrait aux inquiétudes maternelles et se tourne vers les affaires du Père céleste.

Pourtant, face à toutes ces difficultés et surprises du projet de Dieu, l’espérance de la Vierge ne vacille jamais ! Femme d’espérance. Cela nous dit que l’espérance se nourrit d’écoute, de contemplation, de patience pour que les temps du Seigneur arrivent à maturité. Aux noces de Cana également, Marie est la mère de l’espérance, qui la rend attentive et pleine de sollicitude pour les choses humaines. Avec le début de la vie publique, Jésus devient le Maître et le Messie : la Vierge regarde la mission de son Fils avec joie mais aussi avec appréhension, car Jésus devient toujours davantage ce signe de contradiction que Syméon lui avait annoncé. Au pied de la croix, elle est la femme de la douleur et dans le même temps de l’attente vigilante d’un mystère, plus grand que la douleur, sur le point de s’accomplir. Tout semble vraiment fini ; toute espérance pourrait se dire éteinte. Elle aussi, à ce moment-là, en se souvenant des promesses de l’annonciation, aurait pu dire : elles ne sont pas avérées, j’ai été trompée. Mais elle ne l’a pas dit. Et pourtant, bienheureuse parce qu’elle a cru, elle voit bourgeonner de cette foi un avenir nouveau et attend avec espérance le demain de Dieu. Je pense parfois : savons-nous attendre le demain de Dieu ? Ou voulons-nous l’aujourd’hui ? Le demain de Dieu, pour elle, c’est l’aube du matin de la Pâque, de ce premier jour de la semaine. Cela nous fera du bien de penser, dans la contemplation, à l’accolade du fils avec la mère. La seule lampe allumée au sépulcre de Jésus est l’espérance de la mère qui, à ce moment-là, est l’espérance de toute l’humanité. Je me demande et je vous demande : dans les monastères, cette lampe est-elle encore allumée ? Dans les monastères attend-on le demain de Dieu ?

Nous devons beaucoup à cette Mère ! En elle, présente à tout moment dans l’histoire du salut, nous voyons un témoignage solide d’espérance. Elle, mère d’espérance, nous soutient dans les moments d’obscurité, de difficulté, de découragement, de défaite apparente ou de vraies défaites humaines. Que Marie, notre espérance, nous aide à faire de notre vie une offrande agréable au Père céleste, et un don joyeux pour nos frères, une attitude qui regarde toujours vers demain.

De l’Orient à l’Occident, toute l’Église rend témoignage au Fils de Dieu

Discours du Pape François aux participants à l'assemblée plénière de la Congrégation pour les églises orientales.

Chers frères et sœurs,

« Le Christ est la lumière des peuples » : c’est ainsi que commence la Constitution dogmatique sur l’Église du Concile œcuménique Vatican II. De l’orient à l’occident, toute l’Église apporte ce témoignage au Fils de Dieu ; cette Église qui, comme le souligne par la suite le même texte conciliaire: « est présente à tous les peuples de la terre... Tous les fidèles, en effet, dispersés à travers le monde, sont, dans l’Esprit Saint, en communion avec les autres » (n. 13). « Ainsi — ajoute-il encore, en citant saint Jean Chrysostome — celui qui réside à Rome sait que ceux des Indes sont pour lui un membre » (Homélie sur Jean, 1 : pg 59, 361).

La mémorable assemblée de Vatican II eut également le mérite de rappeler de façon explicite que dans les antiques liturgies des Églises orientales, dans leur théologie, spiritualité et discipline canonique, « resplendit en elles la tradition qui vient des apôtres par les Pères et qui fait partie du patrimoine indivis de toute l’Église et révélé par Dieu » (Orientalum Ecclesiarium, n. 1).

[...] Cette assemblée plénière entend se réapproprier la grâce du Concile Vatican II et du magistère successif sur l’orient chrétien. De l’examen du chemin accompli émergeront des orientations visant à soutenir la mission confiée par le Concile aux frères et sœurs d’Orient, c’est-à-dire celle de « promouvoir l’unité de tous les chrétiens, notamment des chrétiens orientaux » (ibid., n. 24). L’Esprit Saint les a guidés dans ce devoir sur les sentiers difficiles de l’histoire, en alimentant leur fidélité au Christ, à l’Église universelle et au Successeur de Pierre, même à un prix élevé, souvent jusqu’au martyre. Toute l’Église vous est véritablement reconnaissante pour cela !

En me plaçant dans le sillage tracé par mes prédécesseurs, je veux réaffirmer ici qu’« il existe légitimement, au sein de la communion de l’Église, des Églises particulières jouissant de leurs traditions propres, sans préjudice du primat de la Chaire de Pierre qui préside à l’assemblée universelle de la charité, garantit les légitimes diversités et veille à ce que, loin de porter préjudice à l’unité, les particularités, au contraire, lui soient profitables » (Lumen gentium, n. 13). Oui, la variété authentique, la variété légitime, celle inspirée par l’Esprit, ne porte pas préjudice à l’unité, mais la sert ; le Concile nous dit que cette variété est nécessaire à l’unité !

Ce matin, les patriarches et les archevêques majeurs ont pu me décrire de vive voix la situation des diverses Églises orientales : la vitalité renouvelée de celles longuement opprimées sous les régimes communistes ; le dynamisme missionnaire de celles qui remontent à la prédication de l’apôtre Thomas ; la persévérance de celles qui vivent au Moyen-Orient, souvent dans la condition de « petit troupeau », dans des milieux marqués par l’hostilité, les conflits et également les persécutions cachées.

Dans votre réunion, vous affrontez diverses problématiques concernant la vie interne des Églises orientales et la dimension de la diaspora, qui s’est sensiblement étendue sur chaque continent. Il faut faire tout le possible afin que les souhaits du Concile soient réalisés, en facilitant le soin pastoral tant dans les territoires propres que là où les communautés orientales sont établies depuis longtemps, en promouvant dans le même temps la communion et la fraternité avec les communautés de rite latin. Il serait bénéfique pour cela d’imprimer une vitalité renouvelée aux organismes de consultation déjà existants entre les Églises particulières et avec le Saint-Siège.

Ma pensée s’adresse de façon particulière à la terre bénie où le Christ a vécu, est mort et est ressuscité. Sur cette terre — je l’ai perçu également dans la voix des patriarches présents — la lumière de la foi ne s’est pas éteinte, elle resplendit même de façon plus vive. C’est « la lumière de l’Orient » qui « a illuminé l’Église universelle depuis qu’est apparu sur nous “l’Astre d’en haut” (Lc 1, 78), Jésus Christ, notre Seigneur » (Lett. apost. Orientale lumen, n. 1). Chaque catholique a donc une dette de reconnaissance à l’égard des Églises qui vivent dans cette région. Nous pouvons apprendre d’elles, entre autres, la difficulté de l’exercice quotidien de l’esprit œcuménique et du dialogue interreligieux. En effet, le contexte géographique, historique et culturel dans lequel elles vivent depuis des siècles, a fait d’elles des interlocuteurs naturels de nombreuses autres confessions chrétiennes et d’autres religions.

Les conditions de vie des chrétiens, qui dans de nombreuses parties du Moyen-Orient, subissent de façon particulièrement grave les conséquences des conflits en cours, suscitent une grande préoccupation. La Syrie, l’Irak, l’Égypte et d’autres régions de la Terre Sainte, débordent parfois de larmes. L’Évêque de Rome ne trouvera pas de répit tant qu’il y aura des hommes et des femmes, de toute religion, frappés dans leur dignité, privés du nécessaire pour survivre, privés de leur avenir, contraints à la condition de réfugiés et de déplacés. Aujourd’hui, avec les pasteurs des Églises d’Orient, lançons un appel afin que soit respecté le droit de tous à une vie digne et à professer librement sa foi. Ne nous résignons pas à imaginer le Moyen-Orient sans les chrétiens, qui depuis deux mille ans, y confessent le nom de Jésus, insérés en tant que citoyens de plein droit dans la vie sociale, culturelle et religieuse des nations auxquelles ils appartiennent.

La douleur des plus petits et des plus faibles, avec le silence des victimes, soulèvent une question insistante : « Où en est la nuit ? » (Is 21, 11). Continuons de veiller, comme la sentinelle biblique, certains que le Seigneur ne nous fera pas manquer son aide. Je m’adresse donc à toute l’Église pour exhorter à la prière, qui sait obtenir du cœur miséricordieux de Dieu la réconciliation et la paix. La prière désarme l’ignorance et engendre le dialogue, là où le conflit est ouvert. Si elle est sincère et persévérante, elle rendra notre voix douce et ferme, capable de se faire entendre également des responsables des nations.

Ma pensée se tourne enfin vers Jérusalem, là où nous sommes tous spirituellement nés (cf. Ps 87, 4). Je lui souhaite toutes les consolations possibles afin qu’elle puisse être véritablement une prophétie de la convocation définitive, de l’orient à l’occident, disposée par Dieu (cf. Is 43, 5). Que les bienheureux Jean XXIII et Jean-Paul II, inlassables artisans de paix sur la terre, soient nos intercesseurs au ciel, avec la Très Sainte Mère de Dieu, qui nous a donné le Prince de la Paix. Sur chacun de vous et sur vos bien-aimées Églises orientales, j’invoque la bénédiction du Seigneur.

mercredi 20 novembre 2013

L’Église est la servante du ministère de la miséricorde

Audience générale du pape François.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Mercredi dernier, j’ai parlé de la rémission des péchés, particulièrement en lien avec le baptême. Nous poursuivons aujourd’hui sur le thème de la rémission des péchés, mais en référence à ce qu’on appelle le « pouvoir des clés », qui est un symbole biblique de la mission donnée par Jésus aux apôtres.

Nous devons tout d'abord nous rappeler que le protagoniste du pardon des péchés c'est l’Esprit-Saint. Lors de sa première apparition aux apôtres, au Cénacle, Jésus ressuscité a fait le geste de souffler sur eux en disant : « Recevez l’Esprit-Saint. Ceux à qui vous remettrez leurs péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. » (Jn 20,22-23). Transfiguré dans son corps, Jésus est désormais l’Homme nouveau, qui offre les dons du mystère pascal, fruit de sa mort et de sa résurrection : Quels sont ces dons ? La paix, la joie, le pardon des péchés, la mission, mais surtout il donne l’Esprit-Saint qui est la source de tout cela. Le souffle de Jésus, accompagné par les paroles avec lesquelles il communique l’Esprit, indique qu’il transmet la vie, la vie nouvelle régénérée par le pardon.

Mais avant de faire le geste de souffler et de donner l’Esprit, Jésus montre ses plaies, dans ses mains et son côté : ces blessures représentent le prix de notre salut. L’Esprit-Saint nous apporte le pardon de Dieu « en passant à travers » les plaies de Jésus, ces plaies qu’il a voulu conserver ; en ce moment encore, au Ciel, il montre à son Père les plaies par lesquelles il nous a rachetés. Par la force de ces plaies, nos péchés sont pardonnés : Jésus a donné ainsi sa vie pour notre paix, pour notre joie, pour le don de la grâce dans nos âmes, pour le pardon de nos péchés. C’est très beau de regarder ainsi Jésus !

Venons-en au second élément : Jésus donne aux apôtres le pouvoir de pardonner les péchés ; c’est un peu difficile de comprendre comment un homme peut pardonner les péchés, mais Jésus donne ce pouvoir. L’Église est dépositaire du pouvoir des clés, d’ouvrir ou de fermer au pardon. Dans sa souveraine miséricorde, Dieu pardonne tout homme, mais il a voulu lui-même que ceux qui appartiennent au Christ et à son Église reçoivent le pardon par l’intermédiaire des ministres de la communauté. Par le ministère apostolique, la miséricorde de Dieu me rejoint, mes fautes sont pardonnées et la joie m’est donnée. De cette manière, Jésus nous appelle à vivre aussi la réconciliation dans sa dimension ecclésiale, communautaire. Et c’est très beau, cela. L’Église, qui est sainte et qui a en même temps besoin de pénitence, accompagne notre chemin de conversion tout au long de notre vie. L’Église n'est pas la propriétaire du pouvoir des clés, mais elle est la servante du ministère de la miséricorde et elle se réjouit chaque fois qu’elle peut offrir ce don de Dieu.

Beaucoup, aujourd’hui, ne comprennent pas la dimension ecclésiale du pardon, parce que l’individualisme, le subjectivisme dominent et nous aussi, les chrétiens, nous en subissons l’influence. Bien sûr, Dieu pardonne à tout pécheur qui se repent, personnellement, mais le chrétien est lié au Christ, et le Christ est uni à l’Église. Pour nous, chrétiens, c’est un don supplémentaire, et c’est aussi un engagement supplémentaire : passer humblement par le ministère ecclésial. Cela, nous devons le valoriser ; c’est un don, une attention, une protection et c’est aussi la certitude que Dieu m’a pardonné. Je vais vers ce frère prêtre et lui dis : « Père, j’ai fait cela… ». Et il répond : « Mais je te pardonne ; Dieu te pardonne ». A ce moment-là, je suis certain que Dieu m’a pardonné ! Et c’est beau, cela nous donne la certitude que Dieu nous pardonne toujours, ne se lasse pas de pardonner. Et nous ne devons pas nous lasser d’aller demander pardon. On peut éprouver de la honte à dire ses péchés, mais nos mamans et nos grands-mères disaient qu’il vaut mieux devenir rouge une fois que jaune mille fois. On rougit une fois, mais nos péchés sont pardonnés et on avance.

Enfin, un dernier point : le prêtre, instrument du pardon des péchés. Le pardon de Dieu, qui nous est donné dans l’Église, nous est transmis par l'intermédiare du ministère d’un frère, le prêtre ; un homme qui, comme nous, a lui aussi besoin de miséricorde, devient véritablement l’instrument de la miséricorde, en nous donnant l’amour sans limites de Dieu notre Père. Les prêtres aussi doivent se confesser, et les évêques aussi : nous sommes tous pécheurs. Même le pape se confesse tous les quinze jours, parce que le pape aussi est pécheur. Et le confesseur entend ce que je lui dis, il me conseille et me pardonne, parce que nous avons tous besoin de ce pardon. On entend parfois des personnes affirmer qu’elles se confessent directement à Dieu… Oui, comme je viens de le dire, Dieu t’écoute toujours, mais dans le sacrement de la Réconciliation, il envoie un frère t’apporter le pardon, la certitude du pardon, au nom de l’Église.

Le service que rend le prêtre en tant que ministre, de la part de Dieu, en pardonnant les péchés est très délicat et exige que son cœur soit en paix, que le prêtre ait le cœur en paix, qu’il ne maltraite pas les fidèles, mais qu’il soit doux, bienveillant et miséricordieux ; qu’il sache semer l’espérance dans les cœurs et, surtout, qu’il soit conscient que le frère ou la sœur qui s’approche du sacrement de la Réconciliation vient chercher le pardon et qu’il le fait comme toutes les personnes qui s’approchaient de Jésus pour qu’il les guérisse. Si le prêtre n’est pas dans cette disposition d’esprit, il vaut mieux qu’il n’administre pas ce sacrement, jusqu’à ce qu’il se corrige. Les fidèles qui se repentent ont le droit, tous les fidèles ont le droit de trouver dans les prêtres des serviteurs du pardon de Dieu.

Chers frères, en tant que membres de l’Église, sommes-nous conscients de ce don que nous offre Dieu lui-même ? Est-ce que nous éprouvons la joie de ce souci, de cette attention maternelle que manifeste l’Église à notre égard ? Est-ce que nous savons la mettre en valeur avec simplicité et assiduité ? N’oublions pas que Dieu ne se lasse jamais de nous pardonner ; par le ministère du prêtre, en nous serrant à nouveau dans ses bras, il nous régénère et nous permet de nous relever et de reprendre à nouveau notre chemin. Parce que c’est cela notre vie : nous relever sans cesse et reprendre notre chemin.

dimanche 17 novembre 2013

Le Seigneur, maître de l’histoire, conduit tout à son accomplissement

Paroles du Pape François avant l'Angelus.

Chers frères et sœurs, bonjour,

L’Évangile de ce dimanche (Lc 21, 5-19) consiste dans sa première partie en un discours de Jésus : celui sur les derniers temps. Jésus le prononce à Jérusalem, près du temple ; et son point de départ lui est justement donné par les gens qui parlaient du temple et de sa beauté. Car ce temple était beau. Alors Jésus dit : « De ce que vous contemplez, viendront des jours où il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit jetée bas » (Lc 21, 6). Naturellement, ils lui demandent : « Quand cela arrivera-t-il ? Quels en seront les signes ? ». Mais Jésus déplace l’attention de ces aspects secondaires — quand cela aura-t-il lieu ? Comment cela aura-t-il lieu ? — vers les vraies questions. Et il y en a deux. Premièrement : ne vous laissez pas tromper par de faux messies et ne vous laissez pas paralyser par la peur. Deuxièmement : vivre le temps de l’attente comme un temps de témoignage et de persévérance. Et nous sommes dans ce temps de l’attente, de l’attente de la venue du Seigneur.

Ce discours de Jésus est toujours actuel, pour nous aussi qui vivons au XXIe siècle. Il nous répète : « Prenez garde de vous laisser abuser, car il en viendra beaucoup sous mon nom » (v. 8). C’est une invitation au discernement, cette vertu chrétienne de comprendre où est l’esprit du Seigneur et où est le mauvais esprit. Aujourd’hui aussi, en effet, il y a de faux « sauveurs », qui tentent de se substituer à Jésus : des leaders de ce monde, des gourous, également des sorciers, des personnages qui veulent attirer à eux les esprits et les cœurs, spécialement ceux des jeunes. Jésus nous met en garde : « Ne les suivez pas ! ». « Ne les suivez pas ! ».

Et le Seigneur nous aide aussi à ne pas avoir peur : face aux guerres, aux révolutions, mais aussi aux catastrophes naturelles, aux épidémies, Jésus nous libère du fatalisme et des fausses visions apocalyptiques.

Le second aspect nous interpelle précisément comme chrétiens et comme Église : Jésus annonce des épreuves douloureuses et des persécutions que ses disciples devront subir à cause de lui. Cependant, il assure : « Mais pas un cheveu de votre tête ne se perdra » (v. 18). Il nous rappelle que nous sommes entièrement entre les mains de Dieu ! Les adversités que nous rencontrons à cause de notre foi et de notre adhésion à l’Évangile sont des occasions de témoignage ; elles ne doivent pas nous éloigner du Seigneur, mais nous pousser à nous abandonner encore plus à Lui, à la force de son Esprit et de sa grâce.

En ce moment, je pense, et nous pensons tous. Faisons-le ensemble : pensons à tous ces frères et sœurs chrétiens qui souffrent des persécutions à cause de leur foi. Ils sont si nombreux. Sans doute beaucoup plus qu’aux premiers siècles. Jésus est avec eux. Nous aussi, nous sommes unis à eux par notre prière et notre affection. Nous avons aussi de l’admiration pour leur courage et leur témoignage. Ce sont nos frères et sœurs, qui, dans tant de parties du monde, souffrent en raison de leur fidélité à Jésus Christ. Nous les saluons de tout cœur et avec affection.

À la fin, Jésus fait une promesse qui est une garantie de victoire : « C’est par votre constance que vous sauverez vos vies » (v. 19). Quelle espérance dans ces paroles ! Elles sont un appel à l’espérance et à la patience, à savoir attendre les fruits certains du salut, en ayant confiance dans le sens profond de la vie et de l’histoire : les épreuves et les difficultés font partie d’un dessein plus grand ; le Seigneur, maître de l’histoire, conduit tout à son accomplissement. En dépit des désordres et des catastrophes qui troublent le monde, le dessein de bonté et de miséricorde de Dieu s’accomplira! Voilà notre espérance : aller ainsi, sur ce chemin, selon le dessein de Dieu qui s’accomplira. Telle est notre espérance.

Ce message de Jésus nous fait réfléchir sur notre présent, et nous donne la force de l’affronter avec courage et espérance, en compagnie de la Vierge, qui toujours marche avec nous.


Je vous salue tous, familles, associations et groupes, qui êtes venus de Rome, d’Italie et de tant de régions du monde : Espagne, France, Finlande, Pays-Bas.

Aujourd’hui, la communauté érythréenne de Rome célèbre la fête de saint Michel. Nous les saluons de tout cœur !

C’est aujourd’hui la Journée des victimes de la route. J’assure ma prière et j’encourage à poursuivre l’engagement pour la prévention, parce que la prudence et le respect des règles sont la première forme de protection de soi et des autres.

Je voudrais maintenant vous conseiller à tous un médicament. Certains penseront : «  Le Pape est pharmacien maintenant ?  ». C’est un médicament spécial pour concrétiser les fruits de l’Année de la foi qui touche à sa fin. Mais c’est un médicament composé de 59 granules pour le cœur. Il s’agit d’un médicament «  spirituel  » appelé Misericordina. Une petite boîte de 59 granules pour le cœur. Cette petite boîte contient le médicament et des bénévoles vont vous la distribuer tandis que vous quittez la place. Prenez-la ! C’est un chapelet avec lequel on peut prier aussi le «  chapelet de la Miséricorde  », une aide spirituelle pour notre âme et pour diffuser partout l’amour, le pardon et la fraternité. N’oubliez pas de la prendre ! Parce qu’elle fait du bien, hein ? Elle fait du bien au cœur, à l’âme et à toute la vie !

Je vous souhaite cordialement à tous un bon dimanche. Au revoir et bon déjeuner !

mercredi 13 novembre 2013

La confession est comme un deuxième baptême

Audience Générale du Pape François.


Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans le Credo, à travers lequel chaque dimanche nous faisons notre profession de foi, nous affirmons : « Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés ». Il s’agit de l’unique référence explicite à un sacrement à l’intérieur du Credo. En effet, le baptême est la « porte » de la foi et de la vie chrétienne. Jésus Ressuscité laissa cette consigne aux Apôtres : « Allez dans le monde entier, proclamez l'Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé » (Mc 16, 15-16). La mission de l’Église est d’évangéliser et de remettre les péchés à travers le sacrement baptismal. Mais revenons aux paroles du Credo. L’expression peut être divisée en trois points : « je reconnais » ; « un seul baptême » ; « pour la rémission des péchés ».

1. « Je reconnais ». Qu’est-ce que cela veut dire ? C’est un terme solennel qui indique la grande importance de l’objet, c’est-à-dire du Baptême. En effet, en prononçant ces mots, nous affirmons notre véritable identité de fils de Dieu. Le Baptême est, dans un certain sens, la carte d’identité du chrétien, son acte de naissance, et l’acte de naissance de l’Église. Vous connaissez tous le jour où vous êtes nés et vous fêtez votre anniversaire, n’est-ce pas ? Nous fêtons tous notre anniversaire. Je vous pose une question, que j’ai posée d’autres fois, mais je la pose encore ; qui d’entre vous se rappelle de la date de son baptême ? Levez la main : ils sont peu nombreux (et je ne le demande pas aux évêques, pour qu’ils n’aient pas honte...). Mais faisons une chose : aujourd’hui, quand vous rentrez chez vous, demandez quel jour vous avez été baptisés, cherchez, car il s’agit du deuxième anniversaire. Le premier anniversaire est celui de la naissance à la vie et le deuxième anniversaire est celui de la naissance à l’Église. Ferez-vous cela ? C’est un devoir à faire à la maison : chercher le jour où je suis né à l’Église, et rendre grâce au Seigneur parce que le jour du baptême, il nous a ouvert la porte de son Église. Dans le même temps, notre foi dans la rémission des péchés est liée au baptême. Le sacrement de la pénitence ou confession est, en effet, comme un « deuxième baptême », qui renvoie toujours au premier pour le consolider et le renouveler. Dans ce sens, le jour de notre baptême est le point de départ d’un très beau chemin, un chemin vers Dieu qui dure toute la vie, un chemin de conversion qui est sans cesse soutenu par le sacrement de la pénitence. Pensez à cela : quand nous allons nous confesser de nos faiblesses, de nos péchés, nous allons demander le pardon de Jésus, mais nous allons aussi renouveler le baptême avec ce pardon. Et cela est beau, c’est comme fêter le jour du baptême dans chaque confession. La confession n’est donc pas une séance dans une salle de torture, mais c’est une fête. La confession est pour les baptisés ! Pour garder propre la tunique blanche de notre dignité chrétienne !

2. Deuxième élément : « un seul baptême ». Cette expression rappelle celle de saint Paul : « Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » (Ep 4, 5). Le mot « baptême » signifie littéralement « immersion », et en effet, ce sacrement constitue une véritable immersion spirituelle dans la mort du Christ, dont on ressuscite avec Lui comme nouvelles créatures (cf. Rm 6, 4). Il s’agit d’un bain de régénération et d’illumination. Régénération parce qu’il réalise cette naissance par l’eau et par l’Esprit sans laquelle personne ne peut entrer dans le royaume des cieux (cf. Jn 3, 5). Illumination parce que, à travers le baptême, la personne humaine est emplie de la grâce du Christ, « lumière véritable, qui éclaire tout homme » (Jn 1, 9) et qui écrase les ténèbres du péché. C’est pour cela que, dans la cérémonie du baptême, on donne une bougie allumée aux parents, pour exprimer cette illumination ; le baptême nous illumine de l’intérieur à travers la lumière de Jésus. En vertu de ce don, le baptisé est appelé à devenir lui-même « lumière » — la lumière de la foi qu’il a reçue — pour ses frères, en particulier pour ceux qui sont dans les ténèbres et n’entrevoient aucune lueur de clarté à l’horizon de leur vie.

Nous pouvons nous demander : le Baptême, pour moi, est-il un fait du passé, isolé dans une date, celle que vous chercherez aujourd’hui, ou une réalité vivante, qui concerne mon présent, à chaque instant ? Te sens-tu fort, avec la force que te donne le Christ par sa mort et sa résurrection ? Ou te sens-tu abattu, sans force ? Le baptême donne force et lumière. Te sens-tu illuminé, avec cette lumière qui vient du Christ ? Es-tu un homme, une femme de lumière ? Ou bien es-tu une personne obscure, sans la lumière de Jésus ? Il faut prendre la grâce du baptême, qui est un don, et devenir lumière pour tous !

3. Enfin, une brève mention du troisième élément : « pour la rémission des péchés ». Dans le sacrement du baptême, tous les péchés sont remis, le péché originel et tous les péchés personnels, ainsi que toutes les peines du péché. Avec le baptême, on ouvre la porte à une réelle nouveauté de vie qui n’est pas opprimée par le poids d’un passé négatif, mais qui est déjà touchée par la beauté et la bonté du Royaume des cieux. Il s’agit d’une intervention puissante de la miséricorde de Dieu dans notre vie, pour nous sauver. Cette intervention salvifique n’ôte pas sa faiblesse à notre nature humaine — nous sommes tous faibles et nous sommes tous pécheurs — ; et elle ne nous ôte pas la responsabilité de demander pardon chaque fois que nous nous trompons ! Je ne peux pas être baptisé plusieurs fois, mais je peux me confesser et renouveler ainsi la grâce du baptême. C’est comme si je faisais un deuxième baptême. Le Seigneur Jésus est si bon et il ne se lasse jamais de nous pardonner. Même lorsque la porte que le baptême nous a ouverte pour entrer dans l’Église se referme un peu, à cause de nos faiblesses et de nos péchés, la confession la rouvre, précisément parce qu’elle est comme un deuxième baptême qui nous pardonne tout et nous illumine pour aller de l’avant avec la lumière du Seigneur. Allons de l’avant ainsi, joyeux, parce que la vie doit être vécue avec la joie de Jésus Christ : et c’est une grâce du Seigneur.