lundi 30 septembre 2013

La dialogue est la voie de la paix

Discours du Pape François aux participants à la Rencontre internationale pour la Paix organisée par la Communauté de Saint'Egidio.

Béatitudes, Éminences, Illustres représentants des Églises, des communautés ecclésiales et des grandes religions,

Je vous remercie de tout cœur d’avoir voulu accomplir cette visite. Cela me remplit de joie ! Vous vivez des journées intenses, à l’occasion de cette rencontre qui réunit des personnes de religions différentes et qui porte un titre significatif et exigeant : « Le courage de l’espérance ». Je remercie le professeur Andrea Riccardi, pour les paroles de salut qu’il m’a adressées en votre nom à tous et je remercie avec lui la communauté de Sant’Egidio d’avoir suivi avec ténacité la route tracée par le bienheureux Jean-Paul II lors de la rencontre historique d’Assise : garder allumée la lampe de l’espérance en priant et en travaillant pour la paix. C’était en 1986, dans un monde encore marqué par la division en blocs opposés, et ce fut dans ce contexte que le Pape invita les chefs religieux à prier pour la paix : plus jamais les uns contre les autres, mais les uns à côté des autres. Cela ne devait pas et ne pouvait pas rester un événement isolé. Vous avez poursuivi ce chemin et vous en avez intensifié l’élan, en faisant participer au dialogue des personnalités importantes de toutes les religions et des représentants laïcs et humanistes. Ces mois derniers, nous sentons précisément que le monde a besoin de l’« esprit » qui a animé cette rencontre historique. Pourquoi ? Parce qu’il a un grand besoin de paix. Non ! Nous ne pouvons jamais nous résigner devant la douleur de peuples entiers, otages de la guerre, de la misère, de l’exploitation. Nous ne pouvons pas assister, indifférents et impuissants, au drame d’enfants, de familles, de personnes âgées, frappés par la violence. Nous ne pouvons pas laisser le terrorisme emprisonner le cœur de quelques violents pour semer la douleur et la mort chez tant de personnes. Nous disons de manière particulière avec force, tous, sans cesse, qu’il ne peut exister aucune justification religieuse à la violence. Il ne peut exister aucune justification religieuse à la violence, quelle que soit la forme sous laquelle elle se manifeste. Comme le soulignait le Pape Benoît XVI, lors du 25e anniversaire de la rencontre d’Assise, il faut supprimer toute forme de violence sous prétexte de religion, et veiller ensemble à ce que le monde ne devienne pas la proie de cette violence qui est contenue dans tout projet de civilisation fondé sur un « non » à Dieu.

En tant que responsables des différentes religions, nous pouvons faire beaucoup. La paix est notre responsabilité à tous. Prier pour la paix, travailler pour la paix ! Un chef religieux est toujours un homme ou une femme de paix, parce que le commandement de la paix est profondément inscrit dans les traditions religieuses que nous représentons. Mais que pouvons-nous faire ? Votre rencontre annuelle nous suggère la route : le courage du dialogue. Ce courage, ce dialogue nous donne de l’espérance. Cela n’a rien à voir avec l’optimisme, c’est tout autre chose. L’espérance ! Dans le monde, dans les sociétés, c’est également parce que le dialogue est absent qu’il y a peu de paix, on peine à sortir de l’horizon étroit des intérêts personnels pour s’ouvrir à une confrontation véritable et sincère. La paix exige un dialogue tenace, patient, fort, intelligent, pour lequel rien n’est perdu. Le dialogue peut vaincre la guerre. Le dialogue fait vivre ensemble des personnes de différentes générations, qui s’ignorent souvent; il fait vivre ensemble des citoyens de diverses origines ethniques, de convictions différentes. Le dialogue est la voie de la paix ; parce que le dialogue favorise l’entente, l’harmonie, la concorde et la paix. C’est pour cette raison qu’il est vital qu’il grandisse, qu’il s’étende aux personnes de toutes conditions et convictions comme un réseau de paix qui protège le monde et surtout qui protège les plus faibles.

Les chefs religieux sont appelés à être de véritables « personnes de dialogue », à œuvrer à la construction de la paix non comme des intermédiaires mais comme d’authentiques médiateurs. Les intermédiaires cherchent à faire des remises à toutes les parties dans le but d’en tirer un gain personnel. En revanche, le médiateur est celui qui ne garde rien pour lui, mais qui se dépense généreusement, jusqu’à se laisser consumer, en sachant que l’unique gain est celui de la paix. Chacun de nous est appelé à être un artisan de paix, qui unit au lieu de diviser, qui étouffe la haine au lieu de l’entretenir, qui ouvre des chemins de dialogue au lieu d’élever de nouveaux murs! Dialoguer, se rencontrer pour instaurer la culture du dialogue dans le monde, la culture de la rencontre.

L’héritage de la première rencontre d’Assise, alimentée année après année également sur votre chemin, montre que le dialogue est intimement lié à la prière de chacun. Le dialogue et la prière grandissent ou périssent ensemble. La relation de l’homme avec Dieu est l’école et la nourriture du dialogue avec les hommes. Le Pape Paul VI parlait de l’« origine transcendante du dialogue » et disait : « La religion est par nature un rapport entre Dieu et l’homme. La prière exprime ce rapport à travers le dialogue » (Enc. Ecclesiam suam, n. 72). Continuons à prier pour la paix dans le monde, pour la paix en Syrie, pour la paix au Moyen-Orient, pour la paix dans tant de pays du monde. Que ce courage de la paix donne le courage de l’espérance au monde, à tous ceux qui souffrent de la guerre, aux jeunes qui sont préoccupés pour leur avenir. Que Dieu tout-puissant, qui écoute nos prières, nous soutienne sur ce chemin de paix. Et je voudrais suggérer que maintenant chacun de nous, nous tous, en présence de Dieu, en silence, nous tous, nous nous souhaitions mutuellement la paix. [Moment de silence] Merci !

dimanche 29 septembre 2013

Le catéchiste garde la mémoire de Dieu et sait l'éveiller chez les autres

Homélie prononcée par le Pape François pour la Journée des Catéchistes en l'Année de la Foi.


1. « Malheur à ceux qui vivent bien tranquilles en Sion, et à ceux qui se croient en sécurité… couchés sur des lits d’ivoire » (Am 6, 1.4), ils mangent, ils boivent, ils se divertissent et ils ne s’occupent pas des problèmes des autres.

Paroles dures, que celles du prophète Amos, mais qui nous mettent en garde contre un danger que nous courons tous. Que dénonce ce messager de Dieu, qu’est-ce qu’il met sous les yeux de ses contemporains et aussi sous nos yeux aujourd’hui ? Le risque de se complaire, du confort, de la mondanité dans la vie et dans le cœur, d’avoir comme centre notre bien-être. C’est l’expérience même du riche de l’Évangile, qui portait des vêtements de luxe et se donnait, chaque jour, à de copieux banquets ; cela était important pour lui. Et le pauvre qui était à sa porte et qui n’avait pas de quoi se nourrir ? Ce n’était pas son affaire, cela ne le regardait pas. Si les choses, l’argent, la mondanité deviennent le centre de la vie, ils nous saisissent, ils nous possèdent et nous perdons notre identité-même d’êtres humains : écoutez bien, le riche de l’Évangile n’a pas de nom, il est simplement « un riche ». Les choses, ce qu’il possède sont son visage, il n’en a pas d’autres.

Mais essayons de nous demander : comment se fait-il que cela arrive ? Comment se fait-il que les hommes, peut-être nous aussi, nous tombons dans le danger de nous renfermer, de mettre notre sécurité dans les choses, qui, au final, nous volent le visage, notre visage humain ? Cela arrive quand nous perdons la mémoire de Dieu. « Malheur à ceux qui vivent bien tranquilles en Sion » disait le prophète. Si la mémoire de Dieu fait défaut, tout s’aplatit, tout va sur le moi, sur mon bien-être. La vie, le monde, les autres, perdent leur consistance, ils ne comptent pour rien, tout se réduit à une seule dimension : l’avoir. Si nous perdons la mémoire de Dieu, nous aussi nous perdons de notre consistance, nous nous vidons aussi, nous perdons notre visage comme le riche de l’Évangile ! Celui qui court derrière le néant devient lui-même nullité – comme le dit un autre grand prophète, Jérémie (cf. Jr 2, 5). Nous sommes faits à l’image et à la ressemblance de Dieu, non pas à l’image et à la ressemblance des choses, des idoles !

2. Alors, en vous regardant, je me demande : qui est le catéchiste ? C’est celui garde et alimente la mémoire de Dieu, la garde en lui-même et sait l’éveiller chez les autres. C’est beau cela, faire mémoire de Dieu, comme la Vierge Marie qui, face à l’action merveilleuse de Dieu dans sa vie, ne pense pas à l’honneur, au prestige, aux richesses, elle ne s’enferme pas sur elle-même. Au contraire, après avoir accueilli l’annonce de l’Ange et après avoir conçu le Fils de Dieu, que fait-elle ? Elle part, elle va chez sa vieille parente Élisabeth, elle-aussi enceinte, pour l’aider ; et dans la rencontre avec elle, son premier acte est la mémoire de l’agir de Dieu, de la fidélité de Dieu dans sa vie, dans l’histoire de son peuple, dans notre histoire : « Mon âme exalte le Seigneur… Il s’est penché sur son humble servante… Son amour s’étend d’âge en âge » (Lc 1, 46.48.50). Marie a mémoire de Dieu.

Dans ce cantique de Marie il y a aussi la mémoire de son histoire personnelle, l’histoire de Dieu avec elle, sa propre expérience de foi. Et c’est ainsi pour chacun de nous, pour chaque chrétien : la foi contient vraiment la mémoire de l’histoire de Dieu avec nous, la mémoire de la rencontre avec Dieu qui, le premier, se met en mouvement, qui crée et sauve, qui nous transforme ; la foi est mémoire de sa Parole qui réchauffe le cœur, de ses actions de salut par lesquelles il nous donne vie, nous purifie, prend soin de nous, nous nourrit. Le catéchiste est vraiment un chrétien qui met cette mémoire au service de l’annonce ; non pas pour se faire voir, non pas pour parler de lui-même, mais pour parler de Dieu, de son amour, de sa fidélité. Dire et transmettre tout ce que Dieu a révélé, c'est-à-dire la doctrine dans sa totalité, sans retrancher ni ajouter.

Saint Paul recommande surtout une chose  à son disciple et collaborateur Timothée : souviens-toi, souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts, que j’annonce et pour qui je souffre (cf. 2 Tm 2, 8-9). Mais l’Apôtre peut dire cela parce que lui, le premier, s’est souvenu du Christ qui l’a appelé quand il était persécuteur des chrétiens, l’a touché et transformé par sa Grâce.

Le catéchiste alors est un chrétien qui porte en lui la mémoire de Dieu, qui se laisse guider par la mémoire de Dieu dans toute sa vie, et qui sait l’éveiller dans le cœur des autres. C’est impératif cela ! ça engage toute la vie ! Le Catéchisme lui-même, qu’est-ce que c'est sinon la mémoire de Dieu, mémoire de son action dans l’histoire, du fait qu’il s’est fait proche de nous dans le Christ, présent dans sa Parole, dans les Sacrements, dans son Église, dans son amour ? Chers catéchistes, je vous demande : sommes-nous la mémoire de Dieu ? Sommes-nous vraiment comme des sentinelles qui éveillent chez les autres la mémoire de Dieu, qui réchauffe le cœur ?

3. « Malheur à ceux qui vivent bien tranquilles dans Jérusalem », dit le prophète. Quelle route parcourir pour ne pas être des personnes « bien tranquilles », qui mettent leur sécurité en elles-mêmes et dans les choses, mais des hommes et des femmes de la mémoire de Dieu ? Dans la deuxième lecture saint Paul, toujours en écrivant à Timothée, donne quelques indications qui peuvent marquer aussi le chemin du catéchiste, notre chemin : tendre à la justice, à la piété, à la foi, à la charité, à la patience, à la douceur (cf. 1 Tm 6, 11).

Le catéchiste est un homme de la mémoire de Dieu s’il a une relation constante et vitale avec Lui et avec son prochain ; s’il est un homme de foi, qui a vraiment confiance en Dieu et met en Lui sa sécurité ; s’il est un homme de charité, d’amour, qui considère chacun comme son frère ; s’il est un homme d’« hypomoné », de patience, de persévérance, qui sait affronter les difficultés, les épreuves, les échecs, avec sérénité et espérance dans le Seigneur ; s’il est un homme doux, capable de compréhension et de miséricorde.

Prions le Seigneur afin que nous soyons tous des hommes et des femmes qui gardent et alimentent la mémoire de Dieu dans notre vie, et qui savent l’éveiller dans le cœur des autres. Amen.

vendredi 27 septembre 2013

La vocation de catéchiste

Discours du Pape François aux Catéchistes en pélerinage à Rome à l'occasion de l'Année de la Foi.

Chers catéchistes, bonsoir !

Il me plaît qu’il y ait, durant l’Année de la foi, cette rencontre pour vous : la catéchèse est un pilier pour l’éducation de la foi, et nous voulons de bons catéchistes ! Merci de ce service à l’Église et dans l’Église. Même si parfois ça peut être difficile, si on travaille beaucoup, si on s’engage et qu’on ne voit pas les résultats voulus, éduquer dans la foi c’est beau ! C’est peut-être le meilleur héritage que nous pouvons donner : la foi ! Éduquer dans la foi pour qu’elle grandisse. Aider les enfants, les jeunes, les adultes à connaître et à aimer toujours plus le Seigneur est une des plus belles aventures éducatives, on construit l’Église ! “Être” catéchiste ! Non pas travailler comme catéchistes : cela ne va pas ! Je travaille comme catéchiste parce que j’aime enseigner… Mais si tu n’es pas catéchiste cela ne va pas ! Tu ne seras pas fécond, tu ne seras pas fécond ! Catéchiste c’est une vocation : “être catéchiste”, c’est cela la vocation, non travailler comme catéchiste. Attention, je n’ai pas dit “faire” le catéchiste, mais “l’être”, parce que cela engage la vie. On conduit à la rencontre avec Jésus par les paroles et par la vie, par le témoignage. Rappelez-vous ce que Benoît XVI nous a dit : « L’Église ne grandit pas par le prosélytisme. Elle grandit par attraction ». Et ce qui attire, c’est le témoignage. Être catéchiste signifie donner le témoignage de la foi ; être cohérent dans sa vie. Et ce n’est pas facile. Ce n’est pas facile ! Nous aidons, nous conduisons à la rencontre avec Jésus par les paroles et par la vie, par le témoignage. J’aime rappeler ce que saint François d’Assise disait à ses frères : « Prêchez toujours l’Évangile, et, si c’est nécessaire aussi par les paroles ». Les paroles viennent… mais d’abord le témoignage : que les gens voient l’Évangile dans notre vie, qu’ils puissent lire l’Évangile. Et “être” catéchiste demande de l’amour, un amour toujours plus fort pour le Christ, un amour pour son peuple saint. Et cet amour ne s’achète pas dans les commerces, il ne s’achète pas non plus ici à Rome. Cet amour vient du Christ ! C’est un cadeau du Christ ! C’est un cadeau du Christ ! Et s’il vient du Christ, il part du Christ et nous devons repartir du Christ, de cet amour que Lui nous donne.

Que signifie ce repartir du Christ pour un catéchiste, pour vous, pour moi aussi, parce que moi aussi je suis catéchiste ? Qu’est-ce-que cela signifie ? Je parlerai de trois choses : un, deux, trois comme faisaient les vieux jésuites… un, deux et trois !

1. Avant tout, repartir du Christ signifie avoir une familiarité avec Lui, avoir cette familiarité avec Jésus : à la dernière Cène, Jésus le recommande instamment aux disciples, quand il était en passe de vivre le plus grand don d’amour, le sacrifice de la Croix. Jésus utilise l’image de la vigne et des sarments et dit : demeurez dans mon amour, demeurez attachés à moi, comme le sarment est attaché à la vigne. Si nous sommes unis à Lui, nous pouvons porter du fruit, et c’est cela la familiarité avec le Christ. Demeurer en Jésus ! C’est demeurer attachés à Lui, à l’intérieur de Lui, avec Lui, parlant avec Lui : demeurer en Jésus.

Pour un disciple, la première chose est de rester avec le Maître, l’écouter, apprendre de Lui. Et cela vaut toujours, c’est un cheminement qui dure toute la vie ! Je me rappelle tant de fois dans le diocèse, dans le diocèse que j’avais auparavant, d’avoir vu à la fin des cours du séminaire catéchétique, les catéchistes qui sortaient en disant : " J’ai le titre de catéchiste ! " Cela ne va pas, tu n’as rien, tu as fait un petit bout de chemin. Qui t’aidera ? Cela vaut toujours ! Ce n’est pas un titre, c’est une attitude : rester avec Lui ; et durant toute la vie ! C’est rester en présence du Seigneur, se laisser regarder par Lui. Je vous demande : comment êtes-vous en présence du Seigneur ? Quand tu vas près du Seigneur, que tu regardes le Tabernacle, que faites-vous ? Sans paroles… Mais je dis, je dis, je pense, je médite, j’écoute… Très bien ! Mais te laisses-tu regarder par le Seigneur ? Nous laisser regarder par le Seigneur. Lui nous regarde et cela, c’est une manière de prier. Te laisses-tu regarder par le Seigneur ? Mais comment fait-on? Regarde le tabernacle et laisse-toi regarder… c’est simple ! C’est un peu ennuyeux, je m’endors… Endors-toi, endors-toi ! Lui te regarderas lui-même, Lui te regarderas lui-même. Mais sois sûr que Lui te regarde ! Et cela est beaucoup plus important que le titre de catéchiste : cela fait partie de l’être catéchiste. Cela réchauffe le cœur, garde allumé le feu de l’amitié avec le Seigneur, te fait sentir que Lui te regarde vraiment, qu’il est proche de toi et qu’il t’aime. Dans une des sorties que j’ai faites, ici à Rome, lors d’une Messe, un monsieur relativement jeune s’est approché de moi et m’a dit : "Père je suis heureux de vous connaître, mais moi, je ne crois en rien ! Je n’ai pas le don de la foi ! ". Il comprenait que c’était un don. " Je n’ai pas le don de la foi ! Qu’est-ce que vous me dites ? ". " Ne te décourage pas. Lui t’aime. Laisse-toi regarder par Lui ! Rien de plus". Et cela je vous le dis à vous : laissez-vous regarder par le Seigneur ! Je comprends que pour vous ce n’est pas si simple : particulièrement pour la personne mariée et qui a des enfants, c’est difficile de trouver un long temps de calme. Mais, grâce à Dieu, il n’est pas nécessaire que tous fassent de la même manière ; dans l’Église il y a variété de vocations et variété de formes spirituelles ; ce qui est important c’est de trouver la façon convenable pour rester avec le Seigneur ; et cela est possible, c’est possible dans chaque état de vie. En ce moment, chacun peut se demander : comment je vis “ce fait de rester” avec Jésus ? C’est une question que je vous pose : "Comment est-ce que je vis ce fait de rester avec Jésus, ce fait de demeurer en Jésus ? ". Ai-je des moments durant lesquels je reste en sa présence, en silence, je me laisse regarder par Lui ? Est-ce que je laisse son feu réchauffer mon cœur ? Si dans notre cœur il n’y a pas la chaleur de Dieu, de son amour, de sa tendresse, comment pouvons-nous, nous, pauvres pécheurs, réchauffer le cœur des autres ? Pensez à cela !

2. Le deuxième élément est ceci. Deuxièmement : repartir du Christ signifie l’imiter dans le fait de sortir de soi et d’aller à la rencontre de l’autre. C’est une expérience belle et un peu paradoxale. Pourquoi ? Parce que celui qui met le Christ au centre de sa vie se décentre ! Plus tu t’unis à Jésus et Lui devient le centre de ta vie, plus Lui te fait sortir de toi-même, te décentre et t’ouvre aux autres. C’est le vrai dynamisme de l’amour, c’est le mouvement de Dieu même ! Dieu est le centre, mais il est toujours don de soi, relation, vie qui se communique… Ainsi devenons-nous, nous aussi, si nous restons unis au Christ, Lui nous fait entrer dans ce dynamisme de l’amour. Là où il y a véritable vie dans le Christ, il y a ouverture à l’autre, il y a sortie de soi pour aller à la rencontre de l’autre au nom du Christ. Et cela c’est le travail du catéchiste : sortir constamment de soi par amour pour témoigner de Jésus et parler de Jésus, prêcher Jésus. C’est important parce que le Seigneur le fait : c’est vraiment le Seigneur qui nous pousse à sortir.

Le cœur du catéchiste vit toujours ce mouvement de « systole – diastole » : union avec Jésus – rencontre avec l’autre. Ce sont les deux choses : je m’unis à Jésus et je sors à la rencontre des autres. S’il manque un de ces deux mouvements, le cœur ne bat plus, ne peut plus vivre. Le cœur du catéchiste reçoit en don le kérygme, et à son tour, il l’offre en don. Ce petit mot : don. Le catéchiste est conscient qu’il a reçu un don, le don de la foi et il le donne en don aux autres. C’est beau ! Et il n’en prend pas pour soi un pourcentage ! Tout ce qu’il reçoit, il le donne ! Il ne s’agit pas d’un marché ! Ce n’est pas un marché ! C’est un pur don : don reçu et don transmis. Et le catéchiste est là, à ce croisement de dons. C’est ainsi dans la nature même du kérygme : c’est un don qui génère la mission, qui pousse toujours au-delà de soi-même. Saint Paul disait : « L’amour du Christ nous pousse », mais on peut aussi traduire ce « nous pousse » par « nous possède ». C’est ainsi : l’amour t’attire et t’envoie, te prend et te donne aux autres. Dans cette tension le cœur du chrétien, en particulier le cœur du catéchiste, se met en mouvement. Demandons-nous nous tous : est-ce ainsi que bat mon cœur de catéchiste : union avec Jésus et rencontre avec l’autre ? Avec ce mouvement de « systole – diastole » ? S’alimente-t-il dans la relation avec Lui, mais est-ce pour le porter aux autres et non pour le retenir ? Je vous dis une chose : je ne comprends pas comment un catéchiste peut rester ferme, sans ce mouvement. Je ne comprends pas !

3. Et le troisième élément – trois  se situe toujours dans cette ligne : repartir du Christ signifie ne pas avoir peur d’aller avec Lui dans les périphéries. Ici me vient à l’esprit l’histoire de Jonas, une figure vraiment intéressante, particulièrement à notre époque de changements et d’incertitude. Jonas est un homme pieux, avec une vie tranquille et ordonnée ; cela l’amène à avoir ses schémas bien clairs, et à juger tout et tous en fonction de ces schémas, de manière rigide. Tout est clair pour lui, la vérité est celle-là. Il est rigide ! C’est pourquoi, quand le Seigneur l’appelle et lui dit d’aller prêcher à Ninive, la grande ville païenne, Jonas n’y avait pas le cœur. Aller là ! Mais j’ai toute la vérité ici ! Il n’a pas le cœur… Ninive est au-delà de ses schémas, elle est à la périphérie de son monde. Et alors il s’échappe, il s’en va en Espagne, il s’enfuit, et il s’embarque sur un navire qui va par là. Allez relire le livre de Jonas ! Il est bref, mais c’est une parabole très instructive, spécialement pour nous qui sommes dans l’Église.

Qu’est-ce qu’il nous enseigne ? Il nous enseigne à ne pas avoir peur de sortir de nos schémas pour suivre Dieu, car Dieu va toujours au-delà. Mais savez-vous une chose ? Dieu n’a pas peur ! Savez-vous cela, vous ? Il n’a pas peur ! Il est toujours au-delà de nos schémas ! Dieu n’a pas peur des périphéries. Mais si vous allez aux périphéries, vous l’y trouverez. Dieu est toujours fidèle, il est créatif. Mais, s’il vous plaît, on ne comprend pas un catéchiste qui ne soit pas créatif. Et la créativité est comme la colonne du fait d’être catéchiste. Dieu est créatif, il ne s’enferme pas, et pour cela il n’est jamais rigide. Dieu n’est pas rigide ! Il nous accueille, il vient à notre rencontre, il nous comprend. Pour être fidèles, pour être créatifs, il faut savoir changer. Savoir changer. Et pourquoi je dois changer ? Pour m’adapter aux circonstances dans lesquelles je dois annoncer l’Évangile. Pour rester avec Dieu, il faut savoir sortir, ne pas avoir peur de sortir. Si un catéchiste se laisse prendre par la peur, c’est un lâche ; si un catéchiste reste tranquille il finit par être une statue de musée ; et nous en avons beaucoup ! Nous en avons beaucoup ! S’il vous plaît, pas de statues de musée ! Si un catéchiste est rigide il devient rabougri et stérile. Je vous le demande : quelqu’un parmi vous voudra-t-il être un lâche, une statue de musée ou stérile ? Quelqu’un a-t-il ce désir ? [Les catéchistes : Non !] Non ? Vraiment ? C’est bien ! Ce que je vais dire maintenant, je l’ai dit bien des fois, mais cela me vient du cœur de le dire. Quand nous, chrétiens, nous sommes fermés sur notre groupe, sur notre mouvement, sur notre paroisse, sur notre milieu, nous restons fermés et il arrive ce qu’il arrive à tout ce qui est fermé ; quand une pièce est fermée, elle commence à sentir l’humidité. Et si une personne est dans cette pièce, elle tombe malade ! Quand un chrétien est fermé sur son groupe, sur sa paroisse, sur son mouvement, il est fermé, il tombe malade. Si un chrétien sort dans les rues, les périphéries, il peut lui arriver ce qui arrive à des personnes qui vont dans les rues : un accident. Bien des fois nous avons vu des accidents de la route. Mais je vous dis : je préfère mille fois une Église accidentée à une Église malade ! Une Église, un catéchiste qui a le courage de courir le risque de sortir, et non un catéchiste qui étudie, qui sait tout, mais toujours fermé : celui-là est malade. Et parfois, il est malade de la tête…

Mais attention ! Jésus ne dit pas : allez, débrouillez-vous. Non, il ne dit pas cela ! Jésus dit : Allez, je suis avec vous ! C’est cela notre beauté et notre force : si nous allons, si nous sortons porter son Évangile avec amour, avec un vrai esprit apostolique, avec vérité (parresia), Lui marche avec nous, nous précède, – je le dis en espagnol – il nous “primerea”. Le Seigneur nous “primerea” toujours. Désormais vous avez appris le sens de ce mot. Et c’est la Bible qui le dit, ce n’est pas moi qui le dis. La Bible dit, le Seigneur dit dans la Bible : Je suis comme la fleur d’amandier. Pourquoi ? Parce que c’est la première fleur qui fleurit au printemps. Lui est toujours “primero” ! Il est le premier ! C’est fondamental pour nous : Dieu nous précède toujours ! Quand nous pensons aller loin, dans une extrême périphérie, et nous avons peut-être un peu peur, en réalité Lui s’y trouve déjà : Jésus nous attend dans le cœur de ce frère, dans sa chair blessée, dans sa vie opprimée, dans son âme sans foi. Mais savez-vous une des périphéries qui me fait si mal que j’en ressens la douleur – je l’avais vu dans le diocèse que j’avais auparavant ? C’est celle des enfants qui ne savent pas faire le Signe de la Croix. À Buenos Aires, il y a beaucoup d’enfants qui ne savent pas faire le Signe de la Croix. C’est une périphérie ! Il faut aller là ! Et Jésus est là, il t’attend, pour aider cet enfant à faire le Signe de la Croix. Lui nous précède toujours.

Chers catéchistes, les trois points sont finis. Toujours repartir du Christ ! Je vous remercie pour ce que vous faites, mais surtout parce que vous êtes dans l’Église, dans le Peuple de Dieu en marche, parce que vous marchez avec le Peuple de Dieu. Restons avec le Christ, – demeurer dans le Christ  cherchons à être toujours davantage une seule chose avec Lui ; suivons-le, imitons-le dans son mouvement d’amour, dans son mouvement à la rencontre de l’homme ; et sortons, ouvrons les portes, ayons l’audace de tracer des voies nouvelles pour l’annonce de l’Évangile.

Que le Seigneur vous bénisse et que la Vierge Marie vous accompagne. Merci !
Marie est notre Mère,

Marie nous conduit toujours à Jésus !
Prions la Vierge Marie les uns pour les autres.
[Ave Maria]
[Bénédiction]
Merci beaucoup !

mercredi 25 septembre 2013

L'Eglise est la Maison de la communion

Audience Générale du Pape François.

Chers frères et sœurs, bonjour,

Dans le « Credo », nous disons « Je crois en l’Église une », c’est-à-dire que nous professons que l’Église est unique et cette Église est en soi unité. Mais si nous regardons l’Église catholique dans le monde, nous découvrons qu’elle comprend presque 3000 diocèses présents sur tous les continents : tant de langues, tant de cultures ! Ici, il y a des évêques de nombreuses cultures différentes, de nombreux pays. Il y a l’évêque du Sri Lanka, l’évêque d’Afrique du Sud, un évêque d’Inde, il y en a beaucoup ici... Des évêques d’Amérique latine. L’Église est présente dans le monde entier ! Et pourtant, les milliers de communautés catholiques forment une unité. Comment est-ce possible ?

Nous trouvons une réponse synthétique dans le Catéchisme de l’Église catholique, qui affirme : L’Église catholique présente dans le monde « a une seule foi, une seule vie sacramentelle, une seule succession apostolique, une espérance commune et la même charité » (n. 161). C’est une belle définition, claire qui nous oriente bien. Unité dans la foi, dans l’espérance, dans la charité, unité dans les sacrements, dans le ministère. Ce sont comme des piliers qui soutiennent et maintiennent l’unique grand édifice de l’Église. Partout où nous allons, même dans la paroisse la plus petite, dans l’angle le plus reculé de cette terre, il y a l’unique Église. Nous sommes chez nous, nous sommes en famille, nous sommes entre frères et sœurs. Et cela est un grand don de Dieu ! L’Église est une pour tous. Il n’y a pas une Église pour les Européens, une pour les Africains, une pour les Américains, une pour les Asiatiques, une pour ceux qui vivent en Océanie, non, c’est la même partout. C’est comme dans une famille, on peut être loin, éparpillés dans le monde, mais les liens profonds qui unissent tous les membres de la famille demeurent solides quelle que soit la distance. Je pense, par exemple, à l’expérience de la Journée mondiale de la jeunesse à Rio de Janeiro : dans cette foule infinie de jeunes sur la plage de Copacobana, on entendait parler tant de langues, on voyait tant de traits de visage très différents entre eux, on rencontrait des cultures différentes, et pourtant il y avait une profonde unité, il se formait une unique Église, on était unis et on le sentait. Demandons-nous tous, moi, comme catholique, est-ce que je sens cette unité ? Ou bien ne m’intéresse-t-elle pas, parce que je suis replié sur mon petit groupe ou sur moi-même ? Suis-je au nombre de ceux qui « privatisent » l’Église pour leur propre groupe, pour leur propre nation, pour leurs propres amis ? Il est triste de trouver une Église « privatisée » par cet égoïsme et ce manque de foi. C’est triste ! Lorsque j’entends que de nombreux chrétiens dans le monde souffrent, suis-je indifférent ou est-ce comme si l’un des membres de ma famille souffrait ? Lorsque je pense ou que j’entends dire que de nombreux chrétiens sont persécutés et donnent aussi leur vie pour leur foi, est-ce que cela touche mon cœur ou est-ce que cela ne m’atteint pas ? Suis-je ouvert à ce frère ou à cette sœur de la famille qui donne sa vie pour Jésus Christ ? Prions-nous les uns pour les autres ? Je vous pose une question, mais ne répondez pas à voix haute, uniquement dans votre cœur : combien de vous prient pour les chrétiens qui sont persécutés ? Combien ? Que chacun réponde dans son cœur. Est-ce que je prie pour ce frère, pour cette sœur qui est en difficulté, pour confesser et défendre sa foi ? Il est important de regarder en dehors de son propre enclos, de se sentir Église, unique famille de Dieu !

Accomplissons un autre pas et demandons-nous : cette unité a-t-elle des blessures ? Pouvons-nous blesser cette unité ? Malheureusement, nous voyons que sur le chemin de l’histoire, même maintenant, nous ne vivons pas toujours l’unité. Parfois apparaissent des incompréhensions, des conflits, des tensions, des divisions, qui la blessent, et alors l’Église n’a pas le visage que nous voudrions, elle ne manifeste pas la charité, ce que Dieu veut. C’est nous qui créons des déchirements ! Et si nous regardons les divisions qui existent encore parmi les chrétiens, les catholiques, les orthodoxes, les protestants... nous ressentons la difficulté de rendre pleinement visible cette unité. Dieu nous donne l’unité, mais nous avons souvent du mal à la vivre. Il faut chercher, construire la communion, éduquer à la communion, à surmonter les incompréhensions et les divisions, en commençant par la famille, par les réalités ecclésiales, également dans le dialogue œcuménique. Notre monde a besoin d’unité, c’est une époque où nous avons tous besoin d’unité, nous avons besoin de réconciliation, de communion et l’Église est la Maison de la communion. Saint Paul disait aux chrétiens d’Éphèse : « Je vous exhorte donc, moi le prisonnier dans le Seigneur, à mener une vie digne de l’appel que vous avez reçu : en toute humilité, douceur et patience, supportez-vous les uns les autres avec charité ; appliquez-vous à conserver l’unité de l’Esprit par ce lien qu’est la paix » (4, 1-3) ? Humilité, douceur, patience, amour pour conserver l’unité ! Telles sont les routes, les véritables routes de l’Église. Ecoutons-les une fois de plus. Humilité contre la vanité, contre l’orgueil, humilité, douceur, patience, amour pour conserver l’unité. Et Paul poursuivait : un seul corps, celui du Christ que nous recevons dans l’Eucharistie ; un seul Esprit, le Saint-Esprit qui anime et recrée sans cesse l’Église ; une seule espérance, la vie éternelle ; une seule foi, un seul Baptême, un seul Dieu, Père de tous (cf. vv. 4-6). La richesse de ce qui nous unit ! Et il s’agit d’une véritable richesse : ce qui nous unit, pas ce qui nous divise. Telle est la richesse de l’Église ! Que chacun se demande aujourd’hui : est-ce que je fais croître l’unité dans la famille, dans la paroisse, dans la communauté, ou est-ce que je suis un bavard, une bavarde ? Est-ce que je suis un motif de division, de malaise ? Vous ne savez pas le mal que font à l’Église, aux paroisses, aux communautés, les commérages ! Ils font mal ! Les commérages blessent. Avant de commérer un chrétien doit se mordre la langue ! Oui ou non ? Se mordre la langue : cela nous fera du bien, car la langue se gonfle et ne peut plus parler et ne peut plus commérer. Est-ce que j’ai l’humilité de recoudre avec patience, avec sacrifice, les blessures faites à la communion ?

Enfin, le dernier passage de manière plus approfondie. Et c’est une belle question : qui est le moteur de cette unité de l’Église ? C’est le Saint-Esprit que nous avons tous reçu dans le Baptême et aussi dans le sacrement de la confirmation. C’est le Saint-Esprit. Notre unité n’est pas avant tout le fruit de notre assentiment ou de la démocratie dans l’Église, ou de notre effort pour nous entendre, mais elle vient de Lui qui fait l’unité dans la diversité, car le Saint-Esprit est harmonie, il crée toujours l’harmonie dans l’Église. Il est une unité harmonique dans une aussi grande diversité de cultures, de langues et de pensée. C’est le Saint-Esprit qui est le moteur. C’est pourquoi la prière est importante, elle qui est l’âme de notre engagement d’hommes et de femmes de communion, d’unité. La prière à l’Esprit Saint, afin qu’il vienne et qu’il fasse l’unité dans l’Église.

Demandons au Seigneur : Seigneur, donne-nous d’être toujours plus unis, de n’être jamais des instruments de division ; fais que nous nous engagions, comme le dit une belle prière franciscaine, à apporter l’amour là où existe la haine, à apporter le pardon là où se trouve l’offense, à apporter l’union là où règne la discorde. Ainsi soit-il.

dimanche 22 septembre 2013

Marie nous enseigne à avoir ce regard qui cherche à accueillir, à accompagner, à protéger

Homélie du Pape François lors de la Messe célébrée sur le parvis du sanctuaire de Notre-Dame de Bonaria à Cagliari (Italie).

Sa paghe ‘e Nostru Segnore siat sempre chin bois.

Aujourd’hui se réalise ce désir que j’avais annoncé place Saint-Pierre, avant l’été, de pouvoir visiter le sanctuaire de Notre-Dame de Bonaria.

Je suis venu pour partager avec vous les joies et les espérances, les peines et les engagements, les idéaux et les aspirations de votre île et pour vous confirmer dans la foi. Ici aussi à Cagliari, comme dans toute la Sardaigne, les difficultés, — il y en a tant — les problèmes et les préoccupations ne manquent pas : je pense, en particulier, au manque de travail et à sa précarité, et à l’incertitude de l’avenir. La Sardaigne, votre belle région, souffre depuis longtemps de nombreuses situations de pauvreté, accentuées également par sa condition insulaire. La collaboration loyale de tous est nécessaire, ainsi que l’engagement des responsables des institutions — y compris l’Église — pour assurer aux personnes et aux familles les droits fondamentaux et faire croître une société plus fraternelle et solidaire. Assurer le droit au travail, le droit d’apporter le pain à la maison, le pain gagné par son travail! Je suis proche de vous ! Je suis proche de vous, je vous rappelle dans ma prière, et je vous encourage à persévérer dans le témoignage des valeurs humaines et chrétiennes si profondément enracinées dans la foi et dans l’histoire de ce territoire et de sa population. Gardez toujours allumée la flamme de l’espérance !

Je suis venu parmi vous pour me mettre avec vous aux pieds de la Vierge qui nous donne son Fils. Je sais bien que Marie, notre Mère, est dans votre cœur, comme en témoigne ce sanctuaire, où de nombreuses générations de Sardes sont montées — et continueront à monter ! — pour invoquer la protection de Notre-Dame de Bonaria, première patronne de l’île. Ici, vous apportez les joies et les souffrances de cette terre, de ses familles, et aussi des enfants qui vivent loin, souvent partis avec une grande douleur et nostalgie pour chercher du travail et un avenir pour eux et pour ceux qui leur sont chers. Aujourd’hui, nous tous ici réunis, nous voulons remercier Marie car elle est toujours proche de nous, nous voulons Lui renouveler notre confiance et notre amour.

La première lecture que nous avons entendue nous montre Marie en prière, au Cénacle, avec les apôtres. Marie prie, elle prie avec la communauté des disciples, et nous apprend à avoir pleinement confiance en Dieu, dans sa miséricorde. C’est la puissance de la prière ! Ne nous lassons pas de frapper à la porte de Dieu. Apportons au cœur de Dieu, à travers Marie, toute notre vie, chaque jour ! Frapper à la porte du cœur de Dieu !

Dans l’Évangile, nous saisissons en revanche le dernier regard de Jésus vers sa mère (cf. Jn 19, 25-27). Sur la croix, Jésus regarde sa mère et lui confie l’apôtre Jean, en disant : Voici ton fils. Nous sommes tous représentés par Jean, nous aussi, et le regard d’amour de Jésus nous confie à la protection maternelle de sa Mère. Marie se sera rappelé un autre regard d’amour, lorsqu’elle était une jeune femme : le regard de Dieu le Père, qui avait regardé son humilité, sa petitesse. Marie nous enseigne que Dieu ne nous abandonne pas, il peut faire de grandes choses même avec notre faiblesse. Ayons confiance en Lui ! Frappons à la porte de son cœur !

Et la troisième pensée : aujourd’hui, je suis venu parmi vous, ou plutôt nous sommes venus tous ensemble pour rencontrer le regard de Marie, parce que là se reflète le regard du Père, qui la fit Mère de Dieu, et le regard du Fils sur la croix, qui en fit notre Mère. Marie nous regarde aujourd’hui avec ce regard. Nous avons besoin de son regard de tendresse, de son regard maternel qui nous connaît mieux que quiconque, de son regard plein de compassion et d’attention. Marie, aujourd’hui nous voulons te dire : Mère, donne-nous ton regard ! Ton regard nous conduit à Dieu, ton regard est un don du Père bon, qui nous attend à chaque tournant de notre chemin, il est un don de Jésus Christ en croix, qui prend sur lui nos souffrances, nos peines, notre péché. Et pour rencontrer ce Père plein d’amour, aujourd’hui nous disons : Mère, donne-nous ton regard ! Disons-le ensemble : « Mère, tourne ton regard vers nous ! ». « Mère, tourne ton regard vers nous ! ».

Mais sur le chemin, souvent difficile, nous ne sommes pas seuls, nous sommes nombreux, nous sommes un peuple et le regard de la Vierge nous aide à nous regarder les uns les autres de façon fraternelle. Regardons-nous de façon plus fraternelle ! Marie nous enseigne à avoir ce regard qui cherche à accueillir, à accompagner, à protéger. Apprenons à nous regarder les uns les autres sous le regard maternel de Marie ! Il y a des personnes auxquelles instinctivement nous accordons moins d’importance et qui, au contraire, en ont le plus besoin : les plus abandonnés, les malades, ceux qui n’ont pas de quoi vivre, ceux qui ne connaissent pas Jésus, les jeunes qui sont en difficulté, les jeunes qui ne trouvent pas de travail. N’ayons pas peur de sortir et de regarder nos frères et sœurs avec le regard de la Vierge, Elle nous invite à être de vrais frères. Ne permettons pas que quelque chose ou quelqu’un s’interpose entre nous et le regard de la Vierge. Mère, tourne ton regard vers nous ! Que personne ne nous le cache ! Que notre cœur de fils sache le défendre de tant de beaux parleurs qui promettent des illusions ; de ceux qui ont un regard avide de vie facile, de promesses qui ne peuvent être accomplies. Qu’ils ne nous volent pas le regard de Marie, qui est plein de tendresse, qui nous donne la force, qui nous rend solidaires entre nous. Disons tous : Mère, donne-nous ton regard ! Mère, tourne ton regard vers nous ! Mère, tourne ton regard vers nous !

Nostra Segnora ‘e Bonaria bos acumpanzet sempre in sa vida.

Fais confiance à Jésus - il n'est pas une illusion

Discours du Pape François aux jeunes lors de sa visite pastorale à Cagliari.

Chers jeunes de Sardaigne,

On dirait qu’il y a quelques jeunes, non ? Quelques-uns ! Quelques-uns ou beaucoup ? Il y en a beaucoup !

Merci d’être venus si nombreux à cette rencontre ! Et merci aux « porte-parole ». Vous voir me fait penser à la Journée mondiale de la jeunesse de Rio de Janeiro : certains d’entre vous y étaient, mais beaucoup l’ont sûrement suivie à la télévision et sur internet. Cela a été une expérience très belle, une fête de la foi et de la fraternité, qui remplit de joie. La même joie que nous éprouvons aujourd’hui. Rendons grâce au Seigneur et à la Vierge Marie, Notre-Dame de Bonaria ; c’est elle qui nous a fait nous rencontrer ici. Priez-la souvent, c’est une bonne maman ! Je vous l’assure ! Quelques-unes de vos « preguntes », de vos questions... mais moi aussi je parle en dialecte ici ! Certaines de vos questions vont dans la même direction. Je pense à l’Évangile qui se déroule sur la rive du lac de Galilée, où vivaient et travaillaient Simon — que Jésus appellera Pierre — et son frère André, avec Jacques et Jean, eux aussi frères, tous pêcheurs. Jésus est entouré par la foule qui veut écouter sa parole. Il voit ces pêcheurs à côté des bateaux en train de nettoyer les filets. Il monte sur le bateau de Simon et lui demande de s’éloigner un peu de la rive, et ainsi, s’étant assis dans le bateau, il parle à la foule. Sur le bateau, Jésus parle à la foule. Quand il a terminé, il dit à Simon d’avancer au large et de jeter les filets. Cette demande est une épreuve pour Simon — écoutez bien ce mot, une épreuve — car lui et les autres venaient de rentrer d’une nuit de pêche qui s’était mal passée. Simon est un homme pratique et sincère, et il dit tout de suite à Jésus : « Maître, nous avons peiné toute la nuit et nous n’avons rien pris ».

C’est le premier point : l’expérience de l’échec. Dans vos questions, il y avait cette expérience, le sacrement de la confirmation — comment s’appelle-t-il ce sacrement ? La confirmation… non ! Le nom a changé : « Le sacrement de l’adieu ! ». Ils font cela et ils partent de l’Église, c’est vrai ou pas ? C’est une expérience de l’échec. L’autre expérience de l’échec : les jeunes qui ne sont plus dans la paroisse. C’est vous qui avez parlé de cela. Cette expérience de l’échec, quelque chose va de travers, une déception. Dans la jeunesse, on se projette vers l’avant, mais parfois, il arrive de vivre un échec ou une frustration ; c’est une épreuve, et c’est important ! Je voudrais maintenant vous poser une question, mais n’y répondez pas à haute voix, mais en silence. Que chacun pense dans son cœur, pensez aux expériences d’échec que vous avez connues, pensez-y. C’est certain, nous en avons tous, nous en avons tous.

Dans l’Église, nous faisons si souvent cette expérience : les prêtres, les catéchistes, les animateurs se fatiguent beaucoup, dépensent beaucoup d’énergie, ils font tout leur possible, et à la fin ils ne voient pas toujours de résultats correspondant à leur efforts. Vos « porte-parole » l’ont dit aussi, dans les deux premières questions. Ils ont fait référence aux communautés où la foi apparaît un peu fanée, où peu de fidèles participent activement à la vie de l’Église, où l’on voit des chrétiens parfois fatigués et tristes, et beaucoup de jeunes, après avoir reçu la confirmation, s’en vont. Le sacrement du congé, de l’adieu, comme je l’ai dit. C’est une expérience d’échec, une expérience qui nous laisse vides, qui nous décourage. C’est vrai ou pas ? [Oui, répondent les jeunes] C’est vrai ou pas ? [Oui, répondent-ils encore]
Face à cette réalité, vous vous demandez justement : que pouvons-nous faire ? La chose à ne pas faire est certainement de se laisser vaincre par le pessimisme et par le découragement. Des chrétiens pessimistes, c’est affreux, ça. Vous les jeunes, vous ne pouvez pas et ne devez pas être sans espérance, l’espérance fait partie de votre être. Un jeune sans espérance n’est pas jeune, il a vieilli trop tôt ! L’espérance fait partie de votre jeunesse. Si vous n’avez pas d’espérance, pensez-y sérieusement, pensez-y sérieusement... Un jeune sans joie et sans espérance, c’est préoccupant, ce n’est pas un jeune. Et quand un jeune n’a pas de joie, quand un jeune ressent le manque de confiance dans la vie, quand il perd l’espérance, où va-t-il trouver un peu de tranquillité, un peu de paix ? Sans confiance, sans espérance, sans joie ? Vous le savez, ces marchands de mort, ceux qui vendent la mort, qui vous offrent une route pour quand vous êtes tristes, sans espérance, sans confiance, sans courage ! S’il vous plaît, ne vendez pas votre jeunesse à ceux qui vendent la mort ! Vous comprenez de quoi je suis en train de parler ! Vous le comprenez tous, ne la vendez pas !

Revenons à la scène de l’Évangile : Pierre, en ce moment critique, se met en jeu. Qu’est-ce qu’il aurait pu faire ? Il aurait pu céder à la fatigue et au manque de confiance, en pensant que c’est inutile et qu’il vaut mieux se retirer et rentrer chez soi. En revanche, que fait-il ? Avec courage, il sort de lui-même et choisit de faire confiance à Jésus. Il dit : « Eh bien, d’accord, sur ta parole je jetterai les filets ». Attention ! Il ne dit pas : « sur mes forces, sur mes calculs, sur mon expérience de pêcheur confirmé », mais « sur ta parole », sur la parole de Jésus ! Et le résultat est une pêche incroyable, les filets se remplissent, au point qu’ils se rompent presque.

C’est le deuxième point : faire confiance à Jésus. Faire confiance à Jésus. Et quand je dis cela, je veux être sincère et vous dire que je ne viens pas ici vous vendre une illusion. Je viens ici vous dire : il y a une personne qui peut te faire avancer, fais lui confiance ! C’est Jésus ! Fais confiance à Jésus. Et Jésus n’est pas une illusion. Faire confiance à Jésus. Le Seigneur est toujours avec nous. Il vient sur la rive de la mer de notre vie, il se fait proche de nos échecs, de notre fragilité, de nos péchés, pour les transformer. N’arrêtez jamais de vous remettre en jeu, comme de bons sportifs — certains parmi vous savent bien cela par expérience — qui savent affronter la fatigue de l’entraînement pour atteindre des résultats ! Les difficultés ne doivent pas vous effrayer, mais vous pousser à aller plus loin. Écoutez les paroles de Jésus qui vous sont adressées : Avancez au large et jetez les filets, jeunes de Sardaigne ! Avancez au large ! Soyez toujours plus dociles à la Parole du Seigneur ; c’est Lui, c’est sa Parole, c’est le suivre qui rend fructueux votre engagement de témoignage. Lorsque les efforts pour réveiller la foi chez vos amis semblent inutiles, comme l’effort nocturne des pêcheurs, rappelez-vous qu’avec Jésus tout change. La Parole du Seigneur a rempli les filets, et la Parole du Seigneur rend efficace le travail missionnaire des disciples. Suivre Jésus est exigeant, cela veut dire ne pas se contenter de petits objectifs, de petits cabotages, mais viser haut avec courage !

Il n’est pas bon — il n’est pas bon — de s’arrêter au « nous n’avons rien pris », mais il faut aller au-delà, « avance au large et jette les filets » à nouveau, sans se lasser ! Jésus le répète à chacun de vous. Et c’est Lui qui donnera la force ! Il y a la menace de la lamentation, de la résignation. Celles-là, nous les laissons à ceux qui suivent la « déesse lamentation » ! Et vous, est-ce que vous suivez la « déesse lamentation » ? Vous lamentez-vous continuellement, comme dans une veillée funèbre ? Non, les jeunes ne peuvent pas faire cela ! La « déesse lamentation » est une tromperie ; elle te fait prendre la mauvaise route. Quand tout semble immobile et stagnant, quand les problèmes personnels nous inquiètent, quand les malaises sociaux ne trouvent pas les réponses qu’ils méritent, ce n’est pas bon de partir battus. Le chemin est Jésus ; le faire monter dans notre « bateau » et avancer au large avec Lui ! Il est le Seigneur ! Il change la perspective de la vie. La foi en Jésus conduit à une espérance qui va au-delà, à une certitude fondée non seulement sur nos qualités et nos dons, mais sur la Parole de Dieu, sur l’invitation qui vient de Lui. Sans faire trop de calculs humains ni trop se préoccuper de vérifier si la réalité qui vous entoure coïncide avec vos sécurités. Avancez au large, sortez de vous-mêmes ; sortir de notre petit monde et nous ouvrir à Dieu, pour nous ouvrir toujours plus aussi à nos frères. Nous ouvrir à Dieu nous ouvre aux autres ! S’ouvrir à Dieu et s’ouvrir aux autres. Faire quelques pas au-delà de nous-mêmes, des petits pas, mais faites-les. Des petits pas, en sortant de vous-mêmes vers Dieu et vers les autres, en ouvrant votre cœur à la fraternité, à l’amitié, à la solidarité.

Troisièmement — et je finis, c’est un peu long ! — : « Jetez vos filets pour la pêche » (v. 4). Chers jeunes Sardes, la troisième chose que je veux vous dire, et ainsi je réponds aux deux autres questions, est que vous aussi vous êtes appelés à devenir des « pêcheurs d’hommes ». N’hésitez pas à dépenser votre vie pour témoigner avec joie de l’Évangile, spécialement auprès de ceux de votre âge. Je veux vous raconter une expérience personnelle. Hier, j’ai fêté le 60e anniversaire du jour où j’ai entendu la voix de Jésus dans mon cœur. Mais je dis cela, non pas pour que vous fassiez un gâteau, ici, non, je ne le dis pas pour cela. Mais c’est un souvenir : 60 ans depuis ce jour-là. Je ne l’oublie jamais. Le Seigneur m’a fait sentir fortement que je devais aller sur cette route. J’avais 17 ans. Quelques années se sont écoulées avant que ma décision, que cette invitation ne soit concrète et définitive. Tant d’années ont ensuite passé, avec quelques succès et de la joie, mais tant d’années d’échecs, de fragilité, de péché... 60 ans sur la route du Seigneur, derrière lui, à côté de lui, toujours avec lui. Je vous dis seulement cela, je n’ai jamais regretté ! Je n’ai jamais regretté ! Mais pourquoi ? Parce que je me sens Tarzan et que je suis fort pour aller de l’avant ? Non, je n’ai pas regretté, parce que toujours, même dans les périodes les plus sombres, dans les moments de péché, dans les moments de fragilité, dans les moments d’échec, j’ai regardé Jésus et je lui ai fait confiance et il ne m’a jamais laissé seul. Ayez confiance en Jésus, Lui, il va toujours de l’avant, il vient avec nous ! Mais écoutez, Lui, il ne déçoit jamais. Il est fidèle ! C’est un compagnon fidèle. Pensez-y, voilà mon témoignage : je suis heureux de ces 60 années avec le Seigneur. Mais encore une chose. Allez de l’avant !

J’ai été trop long ? [Non, répondent les jeunes]. Restons unis dans la prière. Et avancez dans la vie avec Jésus, c’est ce qu’ont fait les saints.

Les saints sont ainsi : ils ne naissent pas déjà parfaits, déjà saints ! Ils le deviennent parce que, comme Simon Pierre, ils font confiance à la parole du Seigneur et ils « avancent au large ». Votre terre a donné tant de témoignages, encore récemment : les bienheureuses Antonia Mesina, Gabriella Sagheddu, Giuseppina Nicoli ; les serviteurs de Dieu Edvige Carboni, Simonetta Tronci et Don Antonio Loi. Ce sont des personnes ordinaires qui au lieu de se lamenter ont « jeté les filets pour la pêche ». Imitez leur exemple, confiez-vous à leur intercession, et soyez toujours des hommes et femmes d’espérance ! Pas de lamentation ! Pas de découragement ! Ne jamais baisser les bras, ne jamais aller acheter de consolation de mort, jamais ! Avancez avec Jésus ! Lui n’échoue jamais, lui ne déçoit pas, lui est loyal !

Priez pour moi et que la Vierge vous accompagne.

En conclusion de la rencontre avec les jeunes, avant la Bénédiction, le Pape François a condamné les massacres de chrétiens au Pakistan.

Chers jeunes,

Avant de vous donner la bénédiction, je voulais vous dire une autre chose. Quand je disais d’avancer avec Jésus, c’est pour construire, faire des choses bonnes, faire avancer la vie, aider les autres, pour construire un monde meilleur et de paix. Mais il y a des choix erronés, des choix erronés, parce que ce sont des choix de destruction. Aujourd’hui, au Pakistan, en raison d’un choix erroné de haine, de guerre, il y a eu un attentat où sont mortes 70 personnes. Cette route ne va pas, ne sert pas. C’est seulement la route de la paix, qui construit un monde meilleur ! Mais si vous ne le faites pas, vous, si vous ne le faites pas, vous, personne d’autre ne le fera! C’est cela le problème, et c’est la question que je vous laisse : « Suis-je disposé, suis-je disposée à prendre une route pour construire un monde meilleur ? ». Seulement cela. Et récitons un Notre-Père pour toutes ces personnes qui sont mortes dans cet attentat au Pakistan.

Que la Vierge nous aide toujours à travailler pour un monde meilleur, à prendre la route de la construction, la route de la paix, et jamais la route de la destruction et la route de la guerre.

Que Dieu tout puissant vous bénisse, le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

S’il vous plaît, priez pour moi. Et au revoir !

Toute crise est un passage

Discours du Pape François au monde de la culture lors de sa visite pastorale à Cagliari.

Chers amis, bon après-midi !

Je vous adresse à tous mes salutations cordiales. Je remercie le père proviseur et les recteurs magnifiques pour leurs paroles de bienvenue et je souhaite tout le bien possible au travail des trois institutions. Je suis heureux d’avoir entendu qu’ils travaillent ensemble, comme des amis ; cela est bon ! Je remercie et j’encourage la faculté pontificale de théologie, qui nous accueille, en particulier les pères jésuites, qui y accomplissent avec générosité leur précieux service, ainsi que tout le corps académique. La préparation des candidats au sacerdoce reste un objectif primordial, mais la formation des laïcs est aussi très importante.

Je ne veux pas proposer une leçon universitaire, même si le contexte et vous-mêmes, qui êtes un groupe très qualifié, l’exigeraient sans doute. Je préfère offrir quelques réflexions à voix haute qui partent de mon expérience d’homme et de pasteur de l’Église. Et pour cela, je me laisse guider par un passage de l’Évangile, en en faisant une lecture « existentielle », celui des disciples d’Emmaüs : deux disciples de Jésus qui, après sa mort, quittent Jérusalem et rentrent dans leur village. J’ai choisi trois mots-clés : désillusion, résignation, espérance.

Ces deux disciples portent dans leur cœur la souffrance et la désorientation pour la mort de Jésus, ils sont déçus de la manière dont ont fini les choses. On retrouve un sentiment analogue également dans notre situation actuelle : la déception, la désillusion, à cause d’une crise économique et financière, mais aussi écologique, éducative, morale, humaine. C’est une crise qui touche le présent et l’avenir historique, existentiel de l’homme dans notre civilisation occidentale, et qui finit ensuite par toucher le monde entier. Et quand je dis crise, je ne pense pas à une tragédie. Les chinois, quand ils veulent écrire le mot crise, l’écrivent avec deux caractères : le caractère du danger et le caractère de l’opportunité. Quand nous parlons de crise, nous parlons de dangers, mais aussi d’opportunités. C’est le sens dans lequel j’utilise ce mot. Bien sûr, chaque époque de l’histoire porte en elle des éléments critiques, mais, au moins au cours des quatre derniers siècles, jamais comme à notre époque a-t-on vu les certitudes fondamentales qui constituent la vie des êtres humains être à ce point bousculées ? Je pense à la détérioration de l’environnement : cela est dangereux, pensons, en anticipant un peu, à la guerre de l’eau qui se profile, aux déséquilibres sociaux, à la terrible puissance des armes — nous en avons beaucoup parlé, ces derniers jours, au système économique et financier, qui a en son centre non pas l’homme mais l’argent, le dieu argent, au développement et au poids des moyens d’information, avec tous leurs aspects positifs, de communication, de transport. C’est un changement qui touche la manière même dont l’humanité poursuit son existence dans le monde.

Face à cette réalité quelles sont les réactions ? Revenons aux deux disciples d’Emmaüs : déçus face à la mort de Jésus, ils se montrent résignés et tentent de fuir la réalité, ils quittent Jérusalem. Nous pouvons lire les mêmes attitudes également en ce moment historique. Face à la crise il peut y avoir la résignation, le pessimisme à l’égard de toute possibilité d’intervention efficace. Dans un certain sens, c’est une manière de « se désengager » de la dynamique même de l’actuel tournant historique, en dénonçant ses aspects les plus négatifs avec une mentalité semblable à ce mouvement spirituel et théologique du IIe siècle après Jésus Christ qui est appelé « apocalyptique ». Nous avons cette tentation, de penser dans une perspective apocalyptique. Cette conception pessimiste de la liberté humaine et des processus historiques conduit à une sorte de paralysie de l’intelligence et de la volonté. La désilllusion conduit aussi à une sorte de fuite, à rechercher des « îles » ou des moments de trêve. C’est quelque chose de similaire à l’attitude de Pilate, « s’en laver les mains ». Une attitude qui apparaît « pragmatique », mais qui, de fait, ignore le cri de justice, d’humanité et de responsabilité sociale et conduit à l’individualisme, à l’hypocrisie, voire à une sorte de cynisme. Telle est la tentation qui nous attend, si nous prenons cette route de désillusion ou de déception.

Dès lors, nous nous demandons : y a-t-il une voie à parcourir dans notre situation ? Devons-nous nous résigner ? Devons-nous laisser se voiler l’espérance ? Devons-nous fuir de la réalité ? Devons-nous « nous en laver les mains » et nous renfermer sur nous-mêmes ? Je pense non seulement qu’il y a une route à parcourir, mais que c’est précisément le moment historique que nous vivons qui nous pousse à chercher et trouver des chemins d’espérance, qui ouvrent des horizons nouveaux à notre société. Et ici, le rôle de l’université est précieux. L’université comme lieu d’élaboration et de transmission du savoir, de formation à la « sagesse » au sens le plus profond, d’éducation intégrale de la personne. Dans cette direction, je voudrais vous offrir quelques brèves pensées sur lesquelles réfléchir.

L’université comme lieu de discernement. Il est important de lire la réalité, en la regardant en face. Les lectures idéologiques ou partielles ne servent pas, elles ne nourrissent que l’illusion et la désillusion. Lire la réalité, mais aussi vivre cette réalité, sans peurs, sans fuites, et sans catastrophismes. Toute crise, même la crise actuelle, est un passage, le travail d’un accouchement qui comporte peine, difficulté, souffrance, mais qui porte en lui l’horizon de la vie, d’un renouvellement, qui porte la force de l’espérance. Et cela, ce n’est pas une crise de « changement », c’est une crise de « changement d’époque ». Ce qui change, c’est une époque, ce ne sont pas des changements périodiques superficiels. La crise peut devenir un moment de purification, pour revoir nos modèles économiques et sociaux et une certaine conception du progrès qui a nourri nos illusions, pour récupérer l’humain dans toutes ses dimensions. Le discernement n’est pas aveugle, ni improvisé. Il se réalise sur la base de critères éthiques et spirituels, il implique que l’on s’interroge sur ce qui est bon, que l’on se réfère aux valeurs propres à une vision de l’homme et du monde, une vision de la personne dans toutes ses dimensions, surtout dans celle spirituelle, transcendante. On ne peut jamais considérer la personne comme « du matériel humain » ! C’est peut-être là la proposition cachée du fonctionnalisme. L’université comme lieu de « sagesse » a une fonction très importante pour former au discernement pour nourrir l’espérance. Quand le pèlerin inconnu, qui est Jésus Ressuscité, accoste les deux disciples d’Emmaüs, tristes et inconsolables, il n’essaie pas de cacher la réalité de la Crucifixion, de l’apparente défaite qui a provoqué leur crise, au contraire, il les invite à lire la réalité pour les guider à la lumière de sa Résurrection : « O cœurs sans intelligence, lents à croire... Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ? » (Lc 24, 25-26). Faire preuve de discernement signifie ne pas fuir, mais lire sérieusement, sans préjugés, la réalité.

Un autre élément : l’université comme lieu où s’élabore la culture de la proximité, la culture de la proximité, voilà une proposition. La culture du voisinage. L’isolement et le repli sur soi ou sur ses propres intérêts ne sont jamais la voie à suivre pour redonner l’espérance et opérer un renouvellement, mais c’est la proximité, c’est la culture de la rencontre. Isolement non, proximité oui. Culture de l’affrontement non, culture de la rencontre, oui. L’université est le lieu privilégié où l’on encourage, l’on enseigne et l’on vit cette culture du dialogue, qui ne nivelle pas de manière indiscriminée les différences et les pluralismes — c’est l’un des risques de la mondialisation —, et ne les exacerbe pas non plus en les faisant devenir un motif d’affrontement, mais ouvre à la confrontation constructive. Cela signifie comprendre et mettre en valeur les richesses de l’autre, en le considérant non pas avec indifférence ou avec crainte, mais comme un facteur de croissance. Les dynamiques qui réglementent les relations entre les personnes, les groupes, les nations, ne sont souvent pas des relations de proximité, de rencontre, mais d’affrontement. Je me réfère encore au passage évangélique. Quand Jésus s’approche des deux disciples d’Emmaüs, il partage leur route, écoute leur lecture de la réalité, leur déception, et il dialogue avec eux. Précisément de cette façon-là, il rallume l’espérance dans leurs cœurs, ouvre de nouveaux horizons qui existaient déjà, mais que seule la rencontre avec le Ressuscité permet de reconnaître. N’ayez jamais peur de la rencontre, du dialogue, de la confrontation, même entre universités. À tous les niveaux. Ici nous sommes au siège de la faculté de théologie. Permettez-moi de vous dire, n’ayez pas peur de vous ouvrir aussi aux horizons de la transcendance, à la rencontre avec le Christ ou d’approfondir la relation avec Lui. La foi ne réduit jamais l’espace de la raison, mais l’ouvre à une vision intégrale de l’homme et de la réalité, et elle est un rempart contre le risque de réduire l’homme à « du matériel humain ».

Un dernier élément : l’université comme lieu de formation à la solidarité. Le mot solidarité n’appartient pas seulement au vocabulaire chrétien, c’est un mot fondamental du vocabulaire humain. Comme je l’ai dit aujourd’hui, c’est un mot qui, dans cette crise, risque d’être effacé de nos dictionnaires. Le discernement de la réalité, en assumant le moment de crise, la promotion d’une culture de la rencontre et du dialogue, orientent vers la solidarité, comme élément fondamental pour un renouvellement de nos sociétés. La rencontre, le dialogue entre Jésus et les deux disciples d’Emmaüs, qui redonne espérance et renouvelle le chemin de leur vie, conduit au partage. ils le reconnurent lorsqu’il rompit le pain. C’est le signe de l’Eucharistie, de Dieu qui se fait si proche dans le Christ qu’il devient une présence constante, qu’il va jusqu’à partager sa vie. Et cela dit à tout le monde, même à ceux qui ne croient pas, que c’est précisément dans une solidarité non dite, mais vécue, que les relations ne considèrent plus l’autre comme du « matériel humain », comme un « numéro », mais comme personne. Aucun pays, aucune société, le monde entier, n’aura d’avenir si nous n’apprenons pas à être tous plus solidaires. Donc solidarité comme moyen de réaliser l’histoire, comme contexte vital où les conflits, les tensions, et même les opposés, atteignent une harmonie qui engendre la vie. C’est là, en pensant à cette réalité de la rencontre dans la crise, que j’ai trouvé dans les politiciens jeunes, une autre façon de penser la politique ; je ne dis pas meilleure ou pas meilleure, mais une autre manière : ils parlent autrement, ils sont à la recherche... leur musique est différente de notre musique. N’ayons pas peur ! Ecoutons-les, parlons avec eux. Ils ont une intuition, ouvrons-nous à leur intuition. C’est l’intuition de la vie jeune. Je dis les politiciens jeunes, parce que c’est ce que j’ai entendu, mais les jeunes en général, cherchent cette clef différente. Pour nous aider à la rencontre, il nous sera utile d’écouter la musique de ces hommes politiques, ces « scientifiques », ces penseurs jeunes.

Avant de conclure, permettez-moi de souligner qu’à nous chrétiens, la foi elle-même donne une espérance solide qui pousse à discerner la réalité, à vivre la proximité et la solidarité, car Dieu lui-même est entré dans notre histoire, en devenant homme en Jésus, il a plongé dans notre faiblesse, en se faisant proche de tous, montrant sa solidarité concrète, spécialement à l’égard des plus pauvres et des personnes dans le besoin, nous ouvrant un horizon infini et sûr d’espérance.

Chers amis, merci pour cette rencontre et pour votre attention ; que l’espérance soit la lumière qui illumine toujours vos études et votre engagement. Et que le courage soit le rythme musical pour aller de l’avant. Que le Seigneur vous bénisse !

Le choix d'être petit, avec les petits - les exclus

Discours du Pape François aux pauvres et aux détenus lors de sa visite pastorale à Cagliari.


Chers frères et sœurs,

Merci à tous d’être ici, aujourd’hui. Sur vos visages je vois la fatigue, mais je vois aussi l’espérance. Sentez-vous aimés par le Seigneur, et aussi par tant de personnes bonnes, qui par leurs prières et leur œuvres, aident à soulager les souffrances de leur prochain. Je me sens chez moi, ici. Et j’espère aussi que vous vous sentez chez vous dans cette cathédrale : comme on dit en Amérique latine, « cette maison est votre maison », c’est votre maison.

Ici, nous sentons de manière forte et concrète que nous sommes tous frères. Ici, l’unique Père est notre Père céleste, et l’unique Maître est Jésus Christ. Alors, la première chose que je voulais partager avec vous est précisément cette joie d’avoir Jésus comme Maître, comme modèle de vie. Regardons-le ! Cela nous donne tant de force, tant de réconfort dans nos fragilités, dans nos misères et dans nos difficultés. Nous avons tous des difficultés, tous. Nous tous qui sommes ici nous avons des difficultés. Nous tous qui sommes ici — tous — nous avons des problèmes et nous tous qui sommes ici nous avons des fragilités. Ici, personne n’est meilleur que l’autre. Nous sommes tous égaux devant le Père, tous !

Et en regardant Jésus nous voyons qu’Il a choisi la voie de l’humilité et du service. Plus encore, Lui-même en personne est cette voie. Jésus n’a pas été indécis, il n’a pas été indifférent : il a fait un choix et il l’a mené de l’avant jusqu’au bout. Il a choisi de devenir homme et comme homme de se faire serviteur, jusqu’à la mort en croix. Il s’agit de la voie de l’amour : il n’y en a pas d’autre. C’est pourquoi nous voyons que la charité n’est pas un simple assistantialisme, ni un assistantialisme pour tranquilliser les consciences. Non, cela n’est pas de l’amour, cela est un commerce, cela est une affaire. L’amour est gratuit. La charité, l’amour est un choix de vie, est une manière d’être, de vivre, c’est la voie de l’humilité et de la solidarité. Il n’y a pas d’autre voie pour cet amour : être humbles et solidaires. Ce mot, solidarité, dans cette culture du rebut, où ce qui ne sert pas est jeté dehors, pour que ne restent que ceux qui se sentent justes, qui se sentent purs, qui se sentent propres. Les pauvres ! Ce mot solidarité, risque d’être effacé du dictionnaire, car c’est un mot qui dérange, qui dérange. Pourquoi ? Parce qu’il t’oblige à regarder l’autre et à te donner à l’autre avec amour. Il vaut mieux l’effacer du dictionnaire, car il dérange. Et nous non, nous disons : voilà la voie, l’humilité et la solidarité. Pourquoi ? Est-ce nous les prêtres qui l’avons inventée ? Non ! C’est Jésus : c’est Lui qui l’a dit ! Et nous voulons emprunter cette route. L’humilité du Christ n’est pas un moralisme, un sentiment. L’humilité du Christ est réelle, c’est le choix d’être petits, d’être avec les petits, avec les exclus, d’être entre nous, qui sommes tous pécheurs. Attention, ce n’est pas une idéologie ! C’est une manière d’être et de vivre qui part de l’amour, qui part du cœur de Dieu.

C’est la première chose, et j’aime beaucoup en parler avec vous. Regardons Jésus : Il est notre joie, mais aussi notre force, notre certitude, parce qu’il est la voie sûre : humilité, solidarité, service. Il n’y a pas d’autre voie. Dans la statue de Notre-Dame de Bonaria, le Christ apparaît entre les bras de Marie. Elle, comme une bonne mère, nous l’indique, nous dit d’avoir confiance en Lui.

Mais il ne suffit pas de regarder, il faut suivre ! Et cela est le deuxième aspect. Jésus n’est pas venu dans le monde pour faire un défilé, pour se faire voir. Il n’est pas venu pour cela. Jésus est le chemin, et un chemin sert pour marcher, pour le parcourir. Alors, je veux tout d’abord rendre grâce au Seigneur pour votre engagement à le suivre, même dans les peines, dans la souffrance, entre les murs d’une prison. Continuons à avoir confiance en Lui, il donnera à votre cœur l’espérance et la joie ! Je veux lui rendre grâce pour vous tous qui vous consacrez généreusement, ici à Cagliari et dans toute la Sardaigne, aux œuvres de miséricorde. Je désire vous encourager à poursuivre cette route, à aller de l’avant ensemble, en cherchant à conserver tout d’abord la charité entre vous. Cela est très important. Nous ne pouvons pas suivre Jésus sur la voie de la charité si nous ne nous aimons pas tout d’abord entre nous, si nous ne nous efforçons pas de collaborer, de nous comprendre mutuellement et de nous pardonner, en reconnaissant chacun ses propres limites et ses propres erreurs. Nous devons accomplir les œuvres de miséricorde, mais avec miséricorde ! Avec le cœur présent. Les œuvres de charité avec charité, avec tendresse et toujours avec humilité ! Vous savez ? Parfois on trouve aussi l’arrogance dans le service aux pauvres ! Je suis sûr que vous l’avez vue. Cette arrogance dans le service à ceux qui ont besoin de notre service. Certains se pavanent, se vantent avec les pauvres ; certains instrumentalisent les pauvres pour leur intérêt personnel ou de leur groupe. Je sais, cela est humain, mais cela ne va pas ! Cela n’appartient pas à Jésus. Et je vais plus loin : c’est un péché ! C’est un péché grave, car c’est utiliser les indigents, ceux qui ont besoin, qui sont la chair de Jésus, pour ma vanité. J’utilise Jésus pour ma vanité, et cela est un grave péché ! Il vaudrait mieux que ces personnes restent chez elles !

Donc, suivre Jésus sur la voie de la charité, aller avec Lui dans les périphéries existentielles. « La charité de Jésus est une urgence ! » disait Paul (cf. 2 Co 5, 14). Pour le bon pasteur ce qui est loin, périphérique, ce qui est perdu et méprisé fait l’objet d’un plus grand soin, et l’Église ne peut que faire sienne cette prédilection et cette attention. Dans l’Église, les premiers sont ceux qui ont le plus de nécessités, humaine, spirituelle, matérielle, plus de nécessités.

Et en suivant le Christ sur la voie de la charité, nous semons l’espérance. Semer l’espérance, telle est la troisième conviction que j’ai plaisir à partager avec vous. La société italienne a besoin d’espérance aujourd’hui, et la Sardaigne de manière particulière. Qui a des responsabilités politiques et civiles a une tâche, qu’en tant que citoyens il nous faut soutenir de manière active. Certains membres de la communauté chrétienne sont appelés à s’engager dans ce domaine de la politique, qui est une haute forme de charité, comme le disait Paul VI. Mais en tant qu’Église nous avons tous une grande responsabilité qui est celle de semer l’espérance avec des œuvres de solidarité, en cherchant toujours à collaborer de la meilleure façon avec les institutions publiques, dans le respect des compétences respectives. La Caritas est l’expression de la communauté, et la force de la communauté chrétienne est de faire croître la société de l’intérieur, comme le levain. Je pense à vos initiatives auprès de vos détenus dans les prisons, je pense au volontariat de tant d’associations, à la solidarité avec les familles qui souffrent le plus à cause du manque de travail. En cela je vous dis : courage ! Ne vous laissez pas voler l’espérance et allez de l’avant ! Qu’on ne vous la vole pas ! Au contraire, semer l’espérance ! Merci, chers amis ! Je vous bénis tous, avec vos familles. Et merci à vous tous !

Que le Seigneur vous bénisse tous : vos familles, vos problèmes, vos joies, vos espérances. Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Et, s’il vous plaît, je vous demande de prier pour moi, j’en ai besoin !